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semaine du 3 février 2003



Des débris et des restes humains

Cela s'était déjà produit, et cela se produira encore. La conquête spatiale prendra d'autres vies. Et chaque fois, se repose la question: l'enjeu en vaut-il la peine?

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La Nasa et ses homologues des autres pays, les politiciens, les scientifiques, les journalistes, ont été prompts à dire: il faut continuer. Le désir de connaissances et de dépassement est trop fort pour être arrêté. A côté de leurs voix, celles qui réclament depuis toujours un arrêt complet des dépenses spatiales, sont demeurées marginales.

Et à la défense des partisans de l'exploration spatiale, on doit admettre que leur domaine n'est pas le seul où les retombées scientifiques ne sont pas évidentes au premier abord. Qui pourrait dire à quoi serviront les milliards de dollars engouffrés dans les accélérateurs de particules et les observatoires à neutrinos? Qui peut garantir que les énormes ressources humaines et financières investies jusqu'ici dans la thérapie génique et les nanotechnologies n'aboutiront pas à une impasse? La science a rarement été une compagne qui livrait facilement ses secrets.

Mais à défaut de rejeter du revers de la main l'exploration spatiale, tout le monde se rejoint pour poser la même question: les efforts sont-ils mis à la bonne place?

Cela fait plus de 40 ans qu'on fait des missions autour de la Terre. Il serait temps de faire autre chose, de plus utile et de plus novateur, dénonçait par exemple en fin de semaine l'astronaute français Patrick Beaudry. Et comme lui, ils ont été plusieurs à rappeler que la navette spatiale est une idée des années 60 et une technologie des années 70, très mal adaptée à la réalité actuelle.

Cent cinq tonnes pour la navette Columbia (lancée pour la première fois en 1981), et seulement quelques vols par année alors qu'on en imaginait des dizaines il y a 30 ans: la navette spatiale est comme un camion lourd et poussif, dont on est incapable de se débarrasser faute de budgets, alors qu'on aurait pu construire depuis longtemps des véhicules plus efficaces, plus légers, moins coûteux et plus sécuritaires. Et qui pourraient décoller plus souvent.

En avril 2002, Richard Blomberg, ex-président d'une commission d'enquête indépendante sur la sécurité aérospatiale, faisait part de son inquiétude devant un comité du Congrès, à Washington: la flotte des navettes spatiales vieillit, rappelait-il, et "une des causes premières de mon inquiétude est que personne ne saura avec certitude quand la marge de sécurité aura été dépassée".

La Nasa va se relever de cette tragédie, prédisent à présent avec optimisme tous les observateurs, mais elle devra faire un sérieux examen de conscience.

- Que faire avec une station spatiale internationale qui, avec un équipage de trois hommes, ne sera plus que l'ombre de ce qu'elle aurait pu être, mais qui n'en coûtera pas moins ses 100 milliards de dollars, si le projet se rend jusqu'au bout?

- Que faire des projets d'une navette de deuxième génération (le projet d'un avion orbital, dernier en lice), qui n'étaient pas attendus avant la décennie 2010, mais qui deviennent aujourd'hui cruellement nécessaires, avec une flotte réduite à trois navettes?

- Que faire de ces trois navettes, elles qui, à l'origine il y a 20 ans, devaient être mises à la retraite vers l'an 2000, et dont des administrateurs de la Nasa prétendaient récemment que, somme toute, elles pourraient encore faire l'affaire pendant 20 autres années?

- Que faire des projets de recherches, chroniquement remis à plus tard, sur de nouvelles technologies de propulsion, qui permettraient de rallier les autres planètes beaucoup plus vite?

- Que faire, enfin, des ambitions politiques transitoires qui viennent souvent détourner de leur but premier des projets scientifiques à long terme?

Ne faudrait-il pas investir dans des idées d'avenir, plutôt que dans ces missions qui ont des résultats dérisoires par rapport aux budgets consentis, dénonçait en substance Patrick Beaudry, dimanche, dans le cadre de l'émission radiophonique Les Années-lumière.

Rien n'empêchera les accidents. Après l'explosion de la navette Challenger, en 1986, les ingénieurs l'avaient prédit: tôt ou tard, une autre tragédie surviendrait. Même avec la meilleure sécurité du monde, l'espace reste un milieu hostile et les technologies utilisées sont encore trop jeunes pour avoir pleinement fait leurs preuves. En d'autres termes, nos fusées et nos navettes spatiales seront peut-être vues, par nos descendants de l'an 2100, avec le même genre de sourire que nous accordons aux avions de bric et de broc des années 1900.

Mais les accidents seraient peut-être plus faciles à accepter si le but était plus clair.

Pascal Lapointe


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