La télévision et les magazines
diffusent fréquemment ces images d'un cerveau
traversé de zones de diverses couleurs. La technologie
qui permet cet exploit, de son nom complet imagerie
par résonnance magnétique, a été
une révolution pour la médecine: elle
permet de localiser des masses suspectes dans le cerveau,
de même qu'à l'intérieur de n'importe
quel autre organe. Elle est également en train
de faire progresser à pas de géants la
neurologie: elle permet en effet petit à petit
de dresser une carte de notre cerveau et des zones qui
sont activées suivant que l'on soit en train
de faire du calcul mental, de regarder un film d'horreur...
ou une photo érotique.
Or, l'imagerie par résonnance magnétique
(IMR), c'est
en bonne partie à un scientifique britannique
qu'on la doit: Peter Mansfield, 70 ans Sir
Peter Mansfield, faut-il dire de l'Université
Nottingham. Le comité suédois des Nobel
lui a décerné cette année le Prix
Nobel de médecine, conjointement avec l'Américain
Paul Lauterbur, 74 ans, de l'Université de l'Illinois
à Urbana.
Mansfield et Lauterbur ne sont pas des
ingénieurs, et ils ne sont donc pas les inventeurs
du scanner. Mais c'est à Lauterbur que l'on doit
les toutes premières images, dans les années
1970, obtenues par l'imagerie par résonnance
nucléaire -le prédécesseur immédiat
de l'IMR. Et surtout, c'est à Mansfield qu'on
doit le
développement d'une méthode mathématique
pour décoder rapidement les signaux qui reviennent
du scanner, afin de les transformer en une image à
trois dimensions que les experts seront alors en mesure
d'interpréter.
C'est cette percée qui a permis
à l'IMR de devenir, à partir des années
1980, un test de routine implanté dans des hôpitaux
des quatre coins du monde: on estime qu'il y a aujourd'hui
22 000 de ces machines, qui pratiquent 60 millions de
ces tests chaque année. L'IMR est
rapidement devenue une alternative aux rayons-X,
d'autant plus que des médecins préfèrent
limiter les rayons-X, potentiellement plus dommageables.
"Le professeur Mansfield est responsable
de la plupart des percées majeures qui accompagnent
l'usage actuel de l'IMR, laquelle est devenue la plus
importante technologie de diagnostic médical",
résume un de ses collègues admiratifs,
le Dr Paul Matthews, directeur du Centre d'IMR fonctionnelle
à l'Université Oxford. Et c'est un Nobel
dont la percée est, pour une fois, facile à
comprendre -et à illustrer.