Ils ont fermé leurs frontières
à la viande canadienne de buf, ce qui était
une mesure de prudence normale et ce n'était
pas de nature à déplaire aux éleveurs
américains mais en-dehors de cela, les
médias ont tenu un discours très calme.
Beaucoup moins paniqué que ce qu'on a pu lire
récemment sur le SRAS ou sur le virus du Nil.
On ne sait pourtant toujours rien sur
cette vache albertaine "de six à huit ans" et
sur son histoire. Dans le pire des scénarios,
elle aurait fort bien pu attraper cette encéphalopathie
spongiforme bovine en mangeant une nourriture contaminée,
nourriture qu'auraient partagées des centaines
d'autres bovins. Tout au plus a-t-on pu établir
dimanche,
25 mai, que son propre troupeau (150 têtes)
était
sain de corps, sinon d'esprit.
Le journaliste du New York Times
attribue
ce calme relatif aux progrès des sciences biomédicales
et de la technologie, qui permettent de retracer
rapidement l'évolution d'une maladie comme celle
de la vache folle, et de bloquer sa progression. Ce
qui n'est pas entièrement faux, mais pas entièrement
vrai non plus: en Grande-Bretagne, l'épidémie
a tout de même infecté 200 000 bovins,
et plus de 120 personnes en sont mortes. D'autres encore
mourront, parce que la période avant que ne se
manifestent les symptômes peut se mesurer en années.
N'empêche qu'on n'en est pas au
stade d'un virus comme ceux du SRAS ou du Nil occidental,
qu'il est beaucoup plus difficile de contrôler.
Est-ce la raison pour laquelle même le réseau
de télé Fox, réseau de l'information
alarmiste par excellence, assure qu'il n'y a rien à
craindre? Personne,
rappelle le journaliste, n'a encore pu établir
avec certitude le lien entre la vache folle et sa variante
humaine, la maladie de Creutzfeldt-Jakob. Mais on
sait que la transmission est tout sauf automatique,
puisque des tas de gens, en Grande-Bretagne, ont mangé
sans le savoir de la viande contaminée par ces
mystérieux prions, et sont toujours là
pour en parler. "Il n'y a aucune zone géographique
de la Grande-Bretagne où on puisse constater
un niveau plus élevé de gens avec la maladie
de CJ, et il n'y a aucun cas de CJ parmi les groupes
"à risque" tels que les éleveurs, les
travailleurs d'abattoirs ou les bouchers."
Le fait qu'on n'ait jamais identifié
un seul cas de vache folle aux Etats-Unis est
également rassurant pour les mangeurs de hamburger,
rappelle le Seattle Times. En fait, le dernier
cas recensé en Amérique du Nord remonte
à 1993, et il s'agissait d'une vache canadienne
née en Grande-Bretagne. Là-bas, les premiers
cas de vache folle ont été signalés
en 1986. Et les premiers décès causés
par la nouvelle variante de la maladie de Creutzfeldt-Jakob,
en 1994 (par ailleurs, des centaines de personnes à
travers le monde meurent chaque année d'une variante
plus ancienne de la maladie de CJ, sans que cela n'ait
jamais été associé à la
consommation de boeuf). Aucun bovin britannique n'a
franchi l'Atlantique depuis 1997.
Les mauvaises langues diront qu'il y a
une autre raison à la volonté des Américains
de tempérer les ardeurs: c'est que l'impact de
cette maladie ne se limite pas à l'industrie
du buf canadien (revenus de 22 milliards$ par
an). Au cours de la semaine dernière, la valeur
des actions de... McDonald's a chuté, faisant
perdre un milliard et demi à ses investisseurs.
A chacun ses priorités...