Le taux de déforestation a bondi
de 40% par rapport à 2001, a annoncé la
semaine dernière le ministère de l'Environnement
du Brésil, à partir de nouvelles données
satellites. En chiffres absolus, cela
donne environ 25 000 kilomètres carrés
détruits l'an dernier (contre 18 000 en 2001).
Et ça bat le record de l'année 1995.
Une telle superficie correspond à
un peu moins que la taille de l'Etat d'Haïti. Au
cours des 15 dernières années, ce sont
243 000 kilomètres carrés qui sont partis
en fumée, soit 5% de l'Amazonie.
Poumon du monde, l'Amazonie le restera
donc de moins en moins si sa destruction se poursuit
à ce rythme. Tout comme elle restera de moins
en moins cette réserve naturelle du monde, elle
dont les écologistes estiment qu'elle abrite
jusqu'à 30% des espèces animales et végétales
de notre petite Terre.
Mais comment expliquer que le taux de
destruction se soit accru alors que tout le monde, des
écologistes aux autorités locales et nationales,
semblait s'être ligué pour préserver
ce poumon du monde et cette réserve du monde?
Le ministre de l'Environnement s'est contenté
d'annoncer que le gouvernement -un nouveau gouvernerment
de gauche, élu cette année, sous la présidence
de Luiz Inacio Lula da Silva - allait rapidement annoncer
des mesures pour "renverser la situation".
Quant aux causes de cette déforestation,
ce sont les mêmes qu'auparavant: de vastes zones
sont brûlées et coupées pour laisser
place à des terres agricoles. La hausse en 2002
indique donc une croissance des terres agricoles -comme,
incidemment, le craignaient les environnementalistes,
en dépit des promesses de l'ancien gouvernement
brésilien. Il semble que la volonté
du Brésil de prendre la tête de la production
mondiale de soja, devant les Etats-Unis, l'ait emporté
sur la défense de l'Amazonie. Une volonté
encouragée par le gouvernement lui-même,
la culture du soya étant suffisamment lucrative
pour intéresser une économie encore fragile.
Par ailleurs, les agents de protection de l'environnement,
qui sont bel et bien chargés d'empêcher
ces coupes illégales de bois, n'ont ni assez
d'argent ni assez de ressources pour surveiller l'ensemble
de l'immense forêt -ils n'ont parfois même
pas assez d'argent pour acheter l'essence pour leurs
voitures ou leurs bateaux fluviaux, rapporte la BBC.
En d'autres termes, une fois encore, l'économie
a eu prééminence sur l'écologie.