Page d'accueil

L'événement de la semaine


Pour tout trouver sur Internet


Tous les médias en un clin d'oeil


Nos nouvelles brèves
  
  


Plus de 1500 questions





Hommage à...
Le monde delon GOLDSTYN
La science ne vous interesse pas?
Dossiers
Promenades






Le 2 novembre 2004


Retour au sommaire des capsules

L'aura, c'est dans la tête!

(Agence Science-Presse) - Les auras existent vraiment. Non pas chez celui qui "émet", mais chez celui qui les voit.

La cause, vient d'affirmer un chercheur britannique, est une maladie du cerveau, appelée la synesthésie. Et ce n'est pas une maladie rare: une personne sur 2000 souffrirait de synesthésie, selon une étude américaine remontant à 1996. Cette maladie se caractérise par un dysfonctionnement des sens, en particulier de la vision, qui conduit à voir des halos de couleur émanant de gens, d'objets, et même de mots sur un papier.

Étrange maladie. Identifiée comme telle depuis plus d'un siècle (le mot a été créé en 1872), reconnue comme un trouble neurologique depuis les années 1970, ses causes n'en demeurent pas moins obscures. Car elle est difficile à étudier: une personne peut bien prétendre qu'elle voit des couleurs surgir de nulle part, comment diable peut-on vérifier?

C'est la tâche à laquelle s'est attelé Jamie Ward, du Collège universitaire de Londres. Dans un article paru dans la dernière édition de Cognitive Neuropsychology, ce psychologue britannique décrit les tests menés autour d'une jeune femme, G.W., qui affirme voir des couleurs autour des mots, des objets ou des gens, mais uniquement lorsque ceux-ci ont une connotation émotive pour elle. Les tests ont confirmé qu'elle associe presque systématiquement les mêmes couleurs aux mêmes mots, tandis que des gens "normaux" soumis aux mêmes tests ont plutôt tendance à oublier la majorité des couleurs qu'ils avaient initialement choisies.

"Elle voit les choses comme si elles étaient colorées, au milieu de nulle part. Parfois une couleur sera rattachée à tout un environnement en raison d'une émotion", conclut Jamie Ward. Dès lors, poursuit-il, "vous pouvez imaginer comment des gens porteurs de cette condition et nés à une autre époque ont pu se croire capables de voir des états spirituels. Ils voyaient ces couleurs, et ils présumaient que cela émanait des gens, pas de leur propre cerveau."

Selon la littérature Nouvel Age, une aura est en effet un champ d'énergie émanant d'une personne, dont la couleur varierait en fonction des humeurs ou de l'intelligence. Seul un esprit "éclairé" ou "entraîné" est censé pouvoir observer une aura.

G.W. n'est ni l'un ni l'autre, mais elle voit son amoureux "James" auréolé d'une couleur rose, tout comme elle voit le mot "James" auréolé de la même couleur.


Qu'est-ce que la synesthésie?

Depuis les années 1970, les tentatives d'explication sont nombreuses. Les neurologues invoquent une série de mauvaises connections entre les neurones qui seraient survenues dès l'enfance. Deux zones du cerveau proches l'une de l'autre attirent leur attention: l'une, appelée le cortex rétrosplénial, associée aux émotions, l'autre, appelée V4, associée à la perception des couleurs.

Mais d'autres chercheurs poursuivent la piste génétique, comme Phil Merikle, du Centre de recherche sur la synesthésie, à l'Université de Waterloo (Ontario). "Certains croient que tous les enfants seraient synesthètes à l'origine, et que cela disparaîtrait à mesure que se créent les bonnes connections dans le cerveau, c'est-à-dire à mesure que les enfants apprennent à faire les bonnes associations" (par exemple, lorsqu'ils associent le mot "chien" avec l'animal). Bref, les chercheurs ne savent pas; et cette maladie révèle à quel point notre ignorance du cerveau est encore profonde.

D'autant plus que les problèmes ne se limitent pas toujours aux couleurs. Certains synesthètes ont plutôt un goût étrange dans la bouche (le sens du goût) lorsqu'ils croisent une personne précise, ou une sensation d'oppression sur la peau (le sens du toucher).

Mais ce sont les problèmes de vision qui sont les plus connus. Dans les cas extrêmes de synesthésie, ces couleurs peuvent carrément nuire à l'apprentissage de la lecture. A l'inverse, le jeu des couleurs a pu faire naître chez plusieurs synesthètes un goût pour la peinture et le dessin. Ce qui est tout de même plus stimulant que de pourchasser des auras...

  • Le site du psychologue Jamie Ward sur la synesthésie
  • Le site du psychologue Phil Merikle

Pascal Lapointe

Capsule suivante

Retour au sommaire des capsules


Vous aimez cette capsule? L'Agence Science-Presse en produit des semblables -et des meilleures!- chaque semaine dans l'édition imprimée d'Hebdo-science et technologie (vous désirez vous abonner?).
Vous voulez utiliser cette capsule? Contactez-nous!

 

 

En manchette cette semaine:

Les petits hommes


Archives des capsules

Les capsules les plus populaires des 3 derniers mois


Voyez aussi nos nouvelles québécoises




 
Accueil | Hebdo-Science | plan du site