La
suprise
fut totale.
Au cours
d'un récent
congrès
de généticiens
tenu à
New York,
deux chercheurs
ont fait
part de
cette expérience
insolite,
et de ses
résultats
"totalement
inattendus".
D'autant
plus inattendus
que les
portions
éliminées
du génome
font partie
de ces régions
dont on
venait juste
de dire,
quelques
semaines
plus tôt,
qu'elles
étaient
fort probablement
vitales
pour la
souris et
pour nous
puisqu'elles
étaient
demeurées
inchangées
depuis au
moins 100
millions
d'années.
S'il
y a encore
bien des
choses qu'on
ignore sur
notre génome
ne
serait-ce
que la fonction
de la plupart
de nos gènes
il y a tout
de même
des choses
qu'on a
appris au
fil des
ans. Entre
autres,
l'existence
de régions
actives
(qui produisent
des protéines)
et de régions
inactives
de notre
génome.
Au sein
de ces régions
actives,
on a également
pu identifier
des séquences
de gènes
dont on
ignore l'essentiel,
mais dont
on a par
contre compris
qu'elles
étaient
liées
à
des fonctions
vitales
de notre
organisme
(on peut
s'en rendre
compte en
recherchant
les similitudes
entre les
génomes
de différentes
espèces).
De
sorte que
si, en laboratoire,
on fait
subir à
une souris
une mutation
sur un de
ses gènes
situés
dans une
région
ayant un
important
rôle
à
jouer, cette
souris ne
survivra
pas.
Une
partie de
ce raisonnement
logique
a tout récemment
commencé
à
être
battu en
brèche
(voir
ce texte)
lorsqu'on
s'est aperçu
qu'il y
a des séquences
inactives
de gènes
(on les
appelle
parfois
les gènes-poubelles,
ou gènes
dormants),
qui sont
demeurées
telles quelles
jusque dans
leurs plus
infimes
détails.
On assimilait
jusque-là
ces gènes
à
des déchets:
des déchets
qui, au
fil des
détours
de l'évolution,
sont devenus
inutiles
depuis des
dizaines,
voire des
centaines
de millions
d'années.
Or, s'ils
sont demeurés
à
ce point
inchangés,
c'est peut-être
qu'ils ne
sont pas
si inutiles
que ça...
C'est
ce que l'équipe
d'Edward
Rubin, au
Laboratoire
national
Lawrence
Berkeley
(Californie),
a voulu
vérifier,
en
effaçant
deux larges
régions
de ces "gènes
dormants"
chez des
souris.
En tout,
1000 séquences
génétiques
également
présentes
chez l'homme
composées
respectivement
de 1,6 million
et de 800
000 paires
de base
(une paire
de base
est une
séquence
de deux
"lettres",
par exemple
A et C,
de notre
"alphabet"
génétique).
Sachant
que ces
gènes
ont survécu
à
travers
de nombreuses
espèces,
dont la
souris,
le chien
et l'humain,
en dépit
des nombreuses
mutations
subies pendant
ces dizaines
de millions
d'années,
les chercheurs
s'attendaient
à
ce que leur
disparition
engendre
de nombreux
problèmes
chez ces
souris.
Eh bien
non. Les
souris "mutantes"
qui sont
nées
sont impossibles
à
distinguer
des autres:
même
taux de
croissance,
même
espérance
de vie,
mêmes
fonctions
du métabolisme.
Reste
la possibilité
que ces
gènes
jouent effectivement
un rôle,
mais "trop
subtil"
pour pouvoir
être
mesuré
par les
tests que
l'on fait
subir aux
souris.
"Mon intuition,
commente
David Haussler,
de l'Université
de Californie,
est que
(ces gènes)
doivent
nécessairement
apporter
un quelconque
avantage",
sans quoi
l'évolution
biologique
ne les aurait
pas conservés
aussi scrupuleusement.
"Mais ce
qui est
le plus
mystérieux,
c'est que
nous ne
connaissons
aucun mécanisme
moléculaire
qui contribuerait
à
une telle
conservation."