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semaine du 7 juin 2004



Drôles de gènes

Vous pouvez enlever deux gros morceaux du bagage génétique d'une souris... et c'est comme s'il ne s'était rien passé. Mais à quoi servent-ils donc, nos gènes?

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La suprise fut totale. Au cours d'un récent congrès de généticiens tenu à New York, deux chercheurs ont fait part de cette expérience insolite, et de ses résultats "totalement inattendus". D'autant plus inattendus que les portions éliminées du génome font partie de ces régions dont on venait juste de dire, quelques semaines plus tôt, qu'elles étaient fort probablement vitales pour la souris –et pour nous– puisqu'elles étaient demeurées inchangées depuis au moins 100 millions d'années.

S'il y a encore bien des choses qu'on ignore sur notre génome –ne serait-ce que la fonction de la plupart de nos gènes– il y a tout de même des choses qu'on a appris au fil des ans. Entre autres, l'existence de régions actives (qui produisent des protéines) et de régions inactives de notre génome. Au sein de ces régions actives, on a également pu identifier des séquences de gènes dont on ignore l'essentiel, mais dont on a par contre compris qu'elles étaient liées à des fonctions vitales de notre organisme (on peut s'en rendre compte en recherchant les similitudes entre les génomes de différentes espèces).

De sorte que si, en laboratoire, on fait subir à une souris une mutation sur un de ses gènes situés dans une région ayant un important rôle à jouer, cette souris ne survivra pas.

Une partie de ce raisonnement logique a tout récemment commencé à être battu en brèche (voir ce texte) lorsqu'on s'est aperçu qu'il y a des séquences inactives de gènes (on les appelle parfois les gènes-poubelles, ou gènes dormants), qui sont demeurées telles quelles jusque dans leurs plus infimes détails. On assimilait jusque-là ces gènes à des déchets: des déchets qui, au fil des détours de l'évolution, sont devenus inutiles depuis des dizaines, voire des centaines de millions d'années. Or, s'ils sont demeurés à ce point inchangés, c'est peut-être qu'ils ne sont pas si inutiles que ça...

C'est ce que l'équipe d'Edward Rubin, au Laboratoire national Lawrence Berkeley (Californie), a voulu vérifier, en effaçant deux larges régions de ces "gènes dormants" chez des souris. En tout, 1000 séquences génétiques –également présentes chez l'homme– composées respectivement de 1,6 million et de 800 000 paires de base (une paire de base est une séquence de deux "lettres", par exemple A et C, de notre "alphabet" génétique).

Sachant que ces gènes ont survécu à travers de nombreuses espèces, dont la souris, le chien et l'humain, en dépit des nombreuses mutations subies pendant ces dizaines de millions d'années, les chercheurs s'attendaient à ce que leur disparition engendre de nombreux problèmes chez ces souris. Eh bien non. Les souris "mutantes" qui sont nées sont impossibles à distinguer des autres: même taux de croissance, même espérance de vie, mêmes fonctions du métabolisme.

Reste la possibilité que ces gènes jouent effectivement un rôle, mais "trop subtil" pour pouvoir être mesuré par les tests que l'on fait subir aux souris. "Mon intuition, commente David Haussler, de l'Université de Californie, est que (ces gènes) doivent nécessairement apporter un quelconque avantage", sans quoi l'évolution biologique ne les aurait pas conservés aussi scrupuleusement. "Mais ce qui est le plus mystérieux, c'est que nous ne connaissons aucun mécanisme moléculaire qui contribuerait à une telle conservation."

 

  • David Haussler est de l'équipe qui a identifié, il y a quelques semaines, ces séquences génétiques demeurées semblables chez la souris et l'humain. Voir l'épisode précédent: Un gène peut-il être mort?

 

 

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