D'un côté,
un ovule qu'on a vidé
de son contenu, c'est-à-dire
le noyau, donc l'ADN, le code
génétique. De
l'autre, l'ADN de l'individu
qu'on souhaite cloner, et qu'on
injecte dans cet ovule. On stimule
chimiquement cet ovule pour
lui faire croire qu'il a été
fertilisé par un spermatozoïde.
Il commence dès lors
à se diviser, et on a
ainsi un embryon: deux cellules,
puis quatre, puis huit...
Telle est la méthode
employée pour cloner
un individu. Ou du moins, pour
cloner quelques cellules de
cet individu. On l'avait déjà
expérimenté avec
succès sur des souris,
voilà qu'on vient de
passer pour la première
fois à l'humain.
Sauf que dans
ce cas-ci, l'individu dont on
a introduit l'ADN dans l'ovule
est le même individu qui
a donné cet ovule, ce
qui atténue grandement
la portée de l'expérience.
La percée
scientifique est indéniable:
il y a bel et bien eu clonage,
et les chercheurs peuvent le
prouver (ce
qui n'a jamais été
le cas jusqu'ici). Dans
une trentaine de cas, l'embryon
a atteint le stade dit de blastocyste:
une centaine de cellules, stade
auquel la division cellulaire
a été arrêtée
(pour aller plus loin, il aurait
fallu l'implanter dans un utérus).
Et dans un cas sur ces 30, ce
stade d'une centaine de cellules
a été maintenu
pendant un an, ce
qui démontre au passage
qu'il serait bel et bien possible
de "cultiver" ce type de cellules-souches
en éprouvettes, afin
d'en faire des "usines à
organes" (lire Qu'est-ce
que le clonage thérapeutique?)
Mais il y a clairement
quelque chose qui ne tourne
pas encore rond dans la technique
du clonage si, de toutes les
tentatives, c'est celle-là
et seulement celle-là
qui a bien tourné. Scénario
du pire: si pour réussir
un clonage de cellules saines,
il devait un jour s'avérer
que la mère-porteuse
et la personne à cloner
doivent être la même
personne, il serait pour le
moins difficile d'utiliser cette
thérapie pour guérir
des hommes...
L'annonce a été
faite à Seattle, dans
le cadre du congrès de
l'Association américaine
pour l'avancement des sciences,
dont la revue Science
publiait, dans son édition
de vendredi, l'article de cette
équipe sud-coréenne
dirigée par Woo Suk Hwang,
de l'Université de Séoul.
L'annonce
spectaculaire a donc pris toute
la place dans l'actualité,
rapidement concurrencée
par les interrogations éthiques
sur la possibilité que
cette technique ne soit utilisée
par des médecins moins
scrupuleux désireux de
se précipiter dans le
clonage humain. De sorte que
les ratés de l'expérience,
eux, ont été pour
l'instant balayés sous
le tapis.
Seize femmes ont
accepté de donner 246
ovules. De ce nombre, seulement
30 ont commencé à
se diviser, et seulement un
a abouti à une lignée
de cellules que les chercheurs
ont pu "cultiver" en laboratoire.
Ce sont ces cellules qui, en
théorie, constitueraient
les mythiques cellules-souches
espérées par les
militants du clonage thérapeutique.