Cette pratique des années 80 n'est
plus justifiée, ont affirmé plusieurs experts
lors du dernier congrès de la Société
américaine de médecine de la reproduction.
Rappel: depuis les premiers pas de la fécondation
in vitro, en 1978, les médecins fécondent
chaque fois plus d'un ovule en éprouvette, puis implantent
les résultats dans l'utérus: soit plus d'un
embryon potentiel. Ils agissent ainsi parce que le taux
d'échec est très élevé (plus
de 75% jadis, à peine moins aujourd'hui), de sorte
que même en implantant trois ou quatre embryons, il
est possible que pas un seul ne "s'accroche" à l'utérus.
Mais la conséquence, c'est aussi que lorsque ça
marche, les cas de jumeaux, voire de triplets ou de quadruplets,
sont beaucoup plus élevés que la moyenne.
Et les naissances multiples sont fréquemment
associées à des problèmes de santé
pour la mère, en plus d'augmenter les risques pour
le bébé de naître prématurément
ou avec un trop petit poids.
Or, il est faux de croire que le fait d'implanter
plus d'un embryon augmente les chances de réussite,
lancent Pia Saldeen et ses collègues de la Clinique
IVF CURA à Malmö, en Suède. Il se trouve
qu'en Suède, depuis janvier 2003, le transfert de
plus d'un embryon à la fois est interdit, sauf circonstances
exceptionnelles: et le taux de grossesses réussies
(c'est-à-dire les cas où l'embryon s'est logé
avec succès sur la paroi de l'utérus) est
aussi élevé qu'avant (environ un tiers), tandis
que le taux de grossesses conduisant à des jumeaux
a diminué radicalement: de 23% à 6%.
Deux autres études, provenant celles-là
de cliniques de fertilité américaines, disent
la même chose: là où des femmes en santé
se sont fait offrir le choix d'avoir un seul embryon implanté,
le taux de grossesses est demeuré le même (plus
de 70%). Et si on leur a offert ce choix, c'est parce que
l'idée fait son chemin: en septembre, la Société
américaine de médecine de la reproduction
a recommandé aux cliniques américaines de
ne jamais transférer plus de deux embryons à
la fois chez les femmes de moins de 35 ans.
Parallèlement à cela, la plus
grande revue de la littérature jamais réalisée
en 25 ans sur la santé des enfants nés d'une
fertilisation en éprouvette, démontre que
leur santé n'est en rien affectée. Aucun problème
de santé particulier ne ressort du lot, rien
qui ne puisse les distinguer des autres enfants; sauf
à la naissance, où on confirme que le taux
de prématurés est plus élevé
que la normale.
Resterait à suivre ces enfants sur
une plus longue période (l'étude ne s'est
attardée qu'aux enfants de 10 ans et moins) afin
de s'assurer que des problèmes n'apparaissent pas
à l'âge adulte.
Demeure toutefois un obstacle à l'implantation
d'un seul embryon, et il est de taille: aux Etats-Unis et
ailleurs, la fécondation in vitro coûte plus
de 10 000$. La patiente ou le couple risquent d'exiger qu'on
leur en donne pour leur argent...