Les chercheurs s'empressent de prévenir
que de tels changements se produisent à l'échelle
des siècles, et que les données dont ils disposent
sont donc insuffisantes pour affirmer hors de tout doute
qu'une tendance quelconque est en cours. Mais il n'empêche
que les dernières données satellites et aériennes
confirment les pires craintes: un glacier dont le mouvement
s'est accéléré de 25% au cours des
trois dernières décennies; six
glaciers qui perdent 60% plus de glace qu'ils n'en accumulent
grâce aux précipitations. Pour tout l'Ouest
de l'Antarctique, cela fait en tout une perte nette de 27
kilomètres cube de glace par année.
Même si ce n'était là
rien de plus qu'un changement dû aux fluctuations
naturelles du climat, ce
serait un changement étonnamment rapide.
Une partie de ces résultats, fruit
d'une collaboration américano-chilienne, est parue
dans la dernière édition de la revue américaine
Science. Simultanément, deux autres études
sont parues dans les Geophysical Research Letters:
il s'agit d'analyses du comportement des immenses plaques
de glace, telle la Larson B en 2002, une fois qu'elles se
sont détachées de la calotte glaciaire antarctique.
De leur comportement, de la façon dont elles se détachent
et de la manière dont elles flottent ensuite sur
la mer, dépend la vitesse à laquelle grimpera
ensuite le niveau des eaux du reste du globe.
"Le taux de changement des glaciers demeure
relativement petit, explique
l'un des chercheurs, Eric Rignot, du Jet Propulsion
Laboratory, associé à la Nasa. Mais le potentiel
est là pour que ces glaciers accroissent le niveau
global des eaux de plus d'un mètre."
Plus ces glaces enserrant le continent antarctique
seront nombreuses à fondre, et plus des régions
côtières situées à des milliers
de kilomètres verront leur rivage grugé par
la montée des océans: déjà,
le Bangladesh en vit des conséquences catastrophiques,
et quoi qu'il arrive en Antarctique au cours des prochaines
années, la hausse du niveau des eaux sera un phénomène
inéluctable tout au long du prochain siècle.