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semaines des 4 et 11 juillet 2005



La révolte des villes

Pendant qu'on se demande si la réunion annuelle des huit pays les plus riches (le G8) accouchera cette semaine d'un engagement véritable à l'égard de l'Afrique, du côté des écologistes, on a baissé les bras. Et c'est du côté d'un ordre mineur de gouvernement, les villes, que surgit un activisme inattendu...

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A la mi-juin, 150 villes américaines ont adopté une résolution par laquelle elles s'engagent à respecter les objectifs du Protocole de Kyoto: ce même Protocole que leur gouvernement fédéral refuse de signer.

Les municipalités ne sont pourtant pas partie prenante du Protocole de Kyoto. Mais une telle prise de position, venant de villes telles que Los Angeles, Boston, New York et Denver, constitue une gifle pour la Maison-Blanche, que celle-ci n'avait pas venu venir.

La révolte a commencé en janvier à Seattle, dans l'État de Washington. Dans son "discours sur l'état de la ville" annuel, le maire Greg Nickels a demandé: "si le gouvernement fédéral n'est pas disposé à signer le Protocole de Kyoto, pourquoi ne pourrions-nous pas le faire au niveau local?"

Le 30 mars, dix maires représentant 3 millions d'habitants lançaient officiellement un appel à leurs collègues afin qu'ils se joignent à un engagement de réduire de 7% leurs gaz à effet de serre. Aujourd'hui, ils sont 156 maires représentant plus de 32 millions d'habitants à avoir signé l'Entente de protection du climat des maires américains (US Mayors' Climate Agreement), dont le but est "d'atteindre ou de dépasser les objectifs du Protocole de Kyoto dans leurs communautés". Le 13 juin, lors du Congrès annuel des maires, une résolution en ce sens était adoptée à l'unanimité.

Parallèlement, un mouvement international, plus modeste, vient d'émerger: le 5 juin, profitant de la Journée annuelle de l'environnement des Nations Unies, 50 maires de plusieurs pays réunis à San Francisco –là même où a été signée la Charte des Nations Unies il y a 60 ans– signaient les Accords urbains environnementaux (Urban Environmental Accords). Cette initiative, en préparation depuis un an, fixe 21 objectifs pour un "développement urbain durable" (transports publics, parcs urbains, bâtiments verts, économies d'énergie et d'eau, recyclage, etc.).


Toujours la Californie

Cette signature mettait fin à une rencontre de cinq jours ouverte par le gouverneur de Californie, Arnold Schwarzenegger qui en a profité pour dévoiler un vaste plan spécifiquement californien de réduction des gaz à effet de serre: une réduction en 2010 au niveau de 2000, et en 2020 au niveau de 1990. En 2050, si les objectifs sont atteints, les émissions californiennes devraient être de 80% inférieures à ce qu'elles étaient en 1990.

L'annonce du gouverneur est ce que les Américains appellent un Executive order, l'ordre le plus clair qui puisse être donné par un chef de gouvernement, mais ne mentionne pas comment ces objectifs pourraient être atteints.

Mais le signal s'adresse surtout aux gens d'affaires: se lancer dans la lutte au changement climatique est essentiel pour la bonne marche future de l'économie. Le signal est de poids: si elle était un pays indépendant, la Californie serait la 6e puissance économique mondiale et le 10e "producteur" de gaz à effet de serre.

A l'autre bout du continent, ce printemps, le gouverneur de l'État de New York George Pataki a proposé que son État adopte une réglementation qui a déjà cours en Californie et qui limite les émissions de gaz polluants des voitures qui seront vendues à partir de 2009.


Au Brésil et au Canada

Ces bonnes nouvelles pour la planète arrivent malgré tout sur le tard. Les plus anciennes initiatives urbaines sur l'environnement remontent aux années 1980. Toronto avait notamment pris les devant, et les émissions polluantes de ses industries ont depuis été réduites de 42%. Mais le manque de fermeté des gouvernements de l'Ontario et du Canada à se conformer aux ententes de Rio puis de Kyoto n'a pas aidé. Et si Toronto est à certains égards très en avance sur d'autres villes, c'est aussi parce qu'à beaucoup d'égards, elle fait cavalier seul.

Toronto ne fait pas partie des 50 villes signataires de l'Accord de San Francisco, pas plus qu'aucune ville canadienne.

Au Brésil, une autre ville est souvent citée en modèle: Curitiba. Le centre-ville de cette agglomération de 1,6 million d'habitants a été interdit aux voitures, des boulevards ont été réservés aux autobus, des millions d'arbres ont été plantés et des bons d'achat pour de la nourriture ou des billets d'autobus ont été offerts en échange du recyclage. Résultat, Curitiba a été qualifiée, lors du Sommet de Rio en 1992, de "ville la plus verte du monde"... et elle se mérite toujours ce titre aujourd'hui, comme quoi elle est encore l'exception et non la règle.


Pendant ce temps au G-8

Il est peu probable que le G-8, qui se réunit cette semaine en Écosse, tienne compte de ces pressions. Aux Etats-Unis, les médias ont fait très peu état de cette rébellion urbaine, et en-dehors de ce pays, pas du tout. Quant aux amateurs de science qui en ont entendu parler, ils ne pèsent pas lourd, à en juger par la facilité avec laquelle la Maison-Blanche a pu réécrire la science ces dernières années, dans le communiqué final du G-8 (voir ce texte) mais surtout dans divers rapports officiels sur les changements climatiques (voir ce texte). Il faudra bien d'autres villes et bien d'autres Californie pour renverser la vapeur.

 

Pascal Lapointe

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