1) Un pas de plus vers le clonage humain?
Des trois futurs possibles, celui-ci est le
moins évident. Il y a à présent neuf
ans que la brebis Dolly a été clonée
et, si les généticiens et les biologistes
ont dans certains cas réduit le taux d'échecs,
les fausses couches, malformations et rejetons morts nés
demeurent, en grande majorité, inexpliqués.
Rien que pour le chien, il a fallu procéder
à 1095 clonages: c'est-à-dire qu'on a utilisé
1095 ovules dont on a retiré le bagage génétique
pour le remplacer par celui de l'animal à cloner
(un lévrier afghan mâle de trois ans). Implantés
dans 123 chiennes, 1092 de ces 1095 ovules ne sont pas parvenus
à se développer. En restait trois: une fausse
couche, un chiot mort de pneumonie à l'âge
de 22 jours, et Snuppy. Qui, aujourd'hui âgé
de 16 semaines, a été présenté
à la presse.
On n'a aucune idée de la raison pour
laquelle celui-là a survécu et pas les autres.
Autant dire que le clonage humain est encore loin.
2) Une meilleure connaissance de
nos maladies
Certes, nous partageons plusieurs maladies
avec le chien. Mais
en quoi le clonage peut-il aider la recherche médicale?
L'idée, a expliqué Woo
Suk Hwang, de l'Université nationale de Séoul,
est de créer une lignée
de chiens spécialement conçue pour servir
de modèle à une maladie spécifique.
Les résultats sont publiés dans la dernière
édition de la revue Nature.
Ce qu'il n'a pas dit, c'est que s'il
faut à tous les coups essayer des centaines
de clonages, ce sera l'une des recherches pharmaceutiques
les moins rentables de l'histoire de l'humanité.
Il a de plus fallu employer une équipe de 15
personnes pendant deux ans et demi. En fait, le clonage
de chiens s'est avéré le plus difficile
des clonages entrepris depuis une décennie,
y compris Dolly: les ovules quittent l'ovaire très
tôt, et se développent tandis qu'ils
voyagent vers l'utérus, ce qui rend leur "culture"
en éprouvette très difficile.
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A
lire aussi sur ce sujet
Le
clonage humain voué à l'échec?
(avril 2003)
Le
clonage est (de plus en plus) mort (juillet 2001)
Sur le travail des Sud-Coréens
Demi-clonage
(février 2004)
Demi-clonage
à la chaîne (mai 2005)
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Cette équipe de l'Université
nationale de Séoul est celle-là même
où, l'an dernier et cette année, ont été
annoncés la réalisation d'un embryon humain
cloné de quelques jours, juste assez vieux pour,
en théorie, en extraire des cellules-souches (voir
ce texte). Autant dire que cette université continue
de se placer à l'échelle mondiale comme "le"
lieu du clonage. Incidemment, Snuppy veut dire -en anglais,
pas en coréen- Seoul National University puppy.
3) La commercialisation du clonage
Certes, bien des gens seraient prêts
à payer le gros prix pour obtenir un clone après
le décès de leur meilleur ami à quatre
pattes. La même chose avait été évoquée
il y a trois ans après le clonage du premier chat
à l'Université du Texas A&M (voir
ce texte). Pour l'instant, personne n'a osé mettre
un prix sur l'éventuel clonage d'un chien sur demande,
mais de l'avis de celui qui est derrière le clonage
du chat, le biologiste Mark Westhusin, cette perspective
est encore très lointaine. Sa propre équipe
s'est d'ailleurs essayé sur le chien pendant trois
ans, avant de jeter l'éponge.
Et par ailleurs, si on sait que Snuppy et
son double sont génétiquement semblables,
on ne peut aucunement garantir que Snuppy développera
la même personnalité que son clone.