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semaine du 18 avril 2005



Les dommages des barrages

L'hydro-électricité a beau être une énergie plus propre que plusieurs autres, les barrages n'en causent pas moins des dommages irréparables. Plus de la moitié des rivières de la planète ont été affectées à ce jour, révèle la première évaluation mondiale de la question.

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L'intérêt pour ce catalogue inattendu de l'érosion des rives et du débit des eaux est né en Suède dans les années 80, alors que faisait rage un débat sur l'opportunité de construire des barrages hydro-électriques sur les dernières rivières encore "libres". Christer Nilsson, écologiste des paysages à l'Université Umeå, avait alors tenté de récolter des données permettant de comparer les rivières affectées par les barrages avec les rivières non-affectées, pour se rendre compte qu'aucune compilation internationale de la sorte n'existait.

Son équipe, dont les résultats paraissent dans l'édition du 15 avril de la revue américaine Science, a donc identifié 292 des plus grandes rivières du monde. Il en ressort que 172 sont dites affectées par un ou des barrages. En Europe, les deux tiers sont même classées comme "grandement affectées", ce qui signifie que le début en a été altéré d'au moins 2%.

Une altération de 2% semble peu, mais c'est déjà largement assez pour perturber l'écosystème –moins de poissons qui migrent, moins de plantes marines qui poussent– et le rythme d'érosion –qui varie énormément, suivant la distance du barrage à laquelle on se trouve.

  • En tout, plus de 45 000 barrages de plus de 15 mètres de haut. Plus de 300 de ces barrages appartiennent à la catégorie des géants: plus de 150 mètres de haut.
  • Ces 45 000 barrages peuvent emmagasiner 6500 kilomètres cubes d'eau, l'équivalent de 15% des eaux douces de la planète
  • En plus des 172 rivières affectées par un ou des barrages, il faut en ajouter un nombre indéterminé qui sont affectées par l'irrigation
  • Parmi ces 172, on compte les 21 plus grandes rivières du monde et les huit rivières classées comme les plus biologiquement et géographiquement variées du monde.
  • Sur les 10 plus grandes rivières du monde, quatre ont vu leur débit être "grandement affecté" par les barrages, et six, "modérément affecté".
  • A lui seul, le Barrage des Trois Gorges, en Chine, le plus grand du monde, mesurera 181 mètres de haut lorsqu'il sera complété en 2009. Le lac ou réservoir qu'il formera derrière lui aura entraîné le déplacement d'un million de personnes.
  • Si l'Asie est pour l'instant la région du monde la moins affectée par les barrages, ce n'est qu'une question de temps, de nombreux projets majeurs étant à l'étude, notamment 49 barrages le long de la seule rivière Yangtze et 25 dans l'axe Gange-Brahmaputra, en Inde et dans les pays limitrophes.
  • La sévérité avec laquelle des barrages perturbent une rivière est liée, entre autres, à la densité de la population et au niveau de développement économique: dans le nord du Québec, où les barrages hydro-électriques sont construits dans des zones peu peuplées, l'impact est moindre que dans les forêts tempérées et les savanes.

L'étude a été financée en partie par Nature Conservancy, un groupe écologiste américain à but non lucratif, par la division suédoise du Fonds mondial pour la nature et le programme des Nations Unies pour l'environnement.

Une autre étude publiée dans la même édition de la revue Science ajoute une dimension au portrait: James Syvitski et ses collègues de l'Université du Colorado y confirment que les barrages empêchent une quantité significative de sédiments d'atteindre l'embouchure des rivières. Or, sans ces "renforts", les régions entourant les embouchures subissent une érosion plus rapide.

Aux yeux de Nilsson, son étude met en évidence la nature planétaire du problème des barrages. En entrevue aux différents médias, il dit espérer qu'elle influencera les décideurs politiques confrontés à de futurs projets. "Mes préoccupations se sont accrues, parce que je vois qu'il n'y a plus de zones vierges ou de rivières non-entravées." Et son travail l'emmène déjà vers une autre conséquence: depuis l'automne dernier, financé par le Conseil de recherche de Suède, il s'est lancé sur la piste de l'impact de l'exploitation des rivières sur les populations de poissons.

Pascal Lapointe

 

 

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