Bien sûr, les premier coupables de cette
pollution, ce sont les humains et leurs industries. Mais
voilà des années que les scientifiques se
demandent par quel "canal" ces polluants venus du Sud, comme
les BPC, ont bien pu se retrouver aussi loin dans le Nord.
La question est importante, dans la mesure où ces
composés toxiques finissent par se retrouver dans
l'estomac des communautés amérindiennes du
Nord.
"Les
oiseaux de mer concentrent très efficacement les
polluants", résume Jules Blais, de l'Université
d'Ottawa, auteur principal de l'étude parue dans
la dernière édition de la revue Science.
Reste à trouver comment altérer
la diète des humains pour qu'ils avalent moins de
ces polluants: déménager loin des colonies
de ces oiseaux, devenues "zones à risque", serait
un bon point de départ.
L'air de l'Arctique, le sol, l'eau, les animaux
et les gens: depuis des années, les études
s'accumulent sur une présence inquiétante
de biphényles polychlorés (BPC), de dioxines
et de mercure. Les communautés amérindiennes
du Grand Nord figurent
parmi les plus exposées aux BPC de toute la planète.
Or, si certains de ces contaminants voyagent
vers le Nord avec les courants aériens, d'autres
voyagent avec les oiseaux migrateurs, et c'est ce qui expliquerait
que certaines communautés humaines soient beaucoup
plus exposées que d'autres. Les oiseaux de mer constituent
la forme de vie dominante, là où ils établissent
des colonies de plus de 20 000 individus, et leur déjection,
ou guano, constitue "l'aliment" de base des plantes du bord
de mer. Plantes qui, ensuite, sont mangées par les
animaux du coin.
Sur l'île Devon, les
chercheurs canadiens se sont particulièrement intéressés
au fulmar nordique, un oiseau qui parcourt plus de 1000
kilomètres lors de ses migrations. Ils ont mesuré,
à proximité de ses colonies et loin de ses
colonies, la présence de contaminants tels que les
BPC, le DDT (un pesticide aujourd'hui banni) et l'hexachlorobenzène
(HCB), un polluant dit "à longue vie". Des étangs
et des lacs situés à proximité contenaient
jusqu'à 10 fois plus de HCB, 25 fois plus de mercure
et 60 fois plus de DDT!
La concentration de mercure, à elle
seule, dépassait la norme décrétée
sécuritaire par les autorités canadiennes.
C'est un peu comme si le Sud était allé vider
ses poubelles dans le Nord, avec l'aide d'un éboueur
à plumes.
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