Ils ont pourtant dûment annoncé,
au terme de cette rencontre ministérielle des 11
et 12 janvier, un plan pour "réduire le réchauffement
planétaire". Mais ce plan se concentre sur la recherche
de solutions technologiques, et non sur des calculs d'émissions
ou des taxes au pollueur, comme le Protocole de Kyoto.
Les six membres du Partenariat Asie-Pacifique
sur le développement propre et le climat sont:
les Etats-Unis, l'Australie, le Japon, la Corée du
Sud, l'Inde et la Chine. Les trois derniers n'étaient
pas inclus dans les négociations de Kyoto parce qu'ils
font partie des pays dits en voie de développement;
les deux premiers ont refusé de signer Kyoto.
Lors de l'annonce de ce Partenariat, l'été
dernier (voir
ce texte), plusieurs observateurs l'avaient décrit
comme un traité "anti-Kyoto" ou à tout le
moins comme une façon de mettre de la pression sur
les signataires de Kyoto, afin qu'ils ne s'engagent pas
plus avant sachant que si les États-Unis, l'Inde
et la Chine ne font pas partie d'un effort mondial, celui-ci
perd énormément de poids.
Les signataires du Partenariat Asie-Pacifique
et ceux de Kyoto se rejoignent tout de même sur un
point: la nécessité d'impliquer le secteur
privé. Ce dernier doit être encouragé
à investir dans une économie plus "verte".
Mais bien que le Partenariat fasse reposer une bonne partie
du fardeau sur l'entreprise privée, il
verse très peu d'argent pour lui venir en aide.
Résultat, les groupes écologiques
ont qualifié de "désastreuse" cette rencontre
de Sydney. Ils sont d'autant plus frustrés que les
représentants de grandes compagnies minières,
de l'énergie et des métaux, étaient
invités, mais pas les groupes écologistes.
Le plan voté au terme de la rencontre
de Sydney prévoit la création de huit groupes
de travail gouvernements-entreprises (dont un sur l'industrie
du ciment, un sur l'industrie du fer, un sur l'industrie
de l'aluminium, productrice par excellence d'un gaz à
effet de serre appelé le PFC). Les objectifs de ces
groupes de travail sont pour l'instant assez flous. L'énergie
nucléaire n'est pas mentionnée.
Le communiqué final statue que les
réductions de gaz à effet de serre doivent
être effectuées sans nuire à la croissance
économique.
Le secrétaire américain à
l'Énergie a promis de demander au Congrès
de débloquer 52 millions$ dans le budget 2007 pour
le Partenariat Asie-Pacifique. Le premier ministre australien
a avancé 75 millions$ US sur cinq ans pour appuyer
la recherche et le développement de technologies
propres, dont un quart pour des énergies renouvelables.
Même dans la perspective limitée que vise le
Partenariat, ces sommes sont insuffisantes, affirment la
Fondation australienne pour la conservation et la directrice
aux affaires climatiques du Fonds mondial pour la nature,
citée dans le New Scientist.
Mais ces sommes permettent de mesurer vraiment
quelle importance accordent les États-Unis et la
Chine à la lutte contre les gaz à effet de
serre, mieux que leurs interventions à la Conférence
de Montréal sur les changements climatiques (voir
ce dossier). Les ministres des six pays doivent se revoir
en 2007.
Pascal Lapointe