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semaines du 20 février 2006



Le Groenland tombe à l'eau

Imaginez tout un continent qui se déplace et se jette dans la mer. À peu de choses près, c'est ce que le Groenland est en train de faire, lui dont la fonte des glaces atteint une vitesse jamais vue.


Le Groenland, c'est une énorme île –1,7 million de kilomètres carrés, soit presque la taille du Mexique– mais recouverte de 3 kilomètres de glace. Faites fondre toute cette glace et le niveaux des eaux s'élève de près de sept mètres sur l'ensemble de la planète.

Une fonte totale est un scénario qui ne se produira pas avant des milliers d'années, ont toujours dit les glaciologues. Aujourd'hui, ils n'en sont plus aussi sûrs. Les calculs publiés dans la dernière édition de la revue Science confirment le scénario du pire évoqué ces dernières années: la fonte s'accélère. Dans l'immédiat, à défaut de pouvoir prédire l'avenir du Groenland, ce sont les prévisions sur la hausse du niveau des mers d'ici 2100 qu'il faudra revoir à la hausse.
Lisez le billet de notre blogueur sur le Groenland dans le Blogue environnement

Par exemple, le glacier Kangerdlugssuaq a triplé sa vitesse depuis 10 ans. Il s'écoule à une vitesse de 38 mètres... par jour! Il a perdu 250 mètres d'épaisseur, soit le quart de sa hauteur.

Vingt et un glaciers du Sud-Est ont accéléré leur fonte de 57% entre 1996 et 2005. Dans l'ensemble, la calotte glaciaire groenlandaise a perdu 91 km3 en 1996, 138 km3 en 2000 et 224 km3 en 2005.

En comparaison: une mégalopole comme Los Angeles utilise un kilomètre cube d'eau par année.

Ces changements concernent tous la portion Sud du Groenland, mais les chercheurs affirment que la tendance va bientôt atteindre des glaciers situés beaucoup plus au Nord, là où la couche de neige et de glace est la plus dure et la plus épaisse.

Trois degrés de plus

Les optimistes diront que les pics de température des dernières années ne sont peut-être que des phénomènes transitoires, mais c'est une transition qui dure: 9 des 10 années les plus chaudes depuis un siècle ont eu lieu au cours de la dernière décennie. Les chercheurs avaient déjà prédit que cela se ressentirait d'abord dans le Grand Nord eh bien c'est le cas: les deux auteurs de l'étude dont il est question ici soulignent une hausse de 3 degrés Celsius à Angmassalik entre 1981-1983 et 2003-2005.

Cette étude, signée Eric Rignot et Pannir Kanagaratnam, s'est basée sur les données du satellite canadien Radarsat-1, récoltées en 2000 et 2005, et sur les données des satellites européens Envisat et ERS-1 et 2, récoltées en 1996 et 2004. Les deux chercheurs ont également dressé de longues analyses sur la dynamique des glaces –leur comportement– pour tenter de comprendre ce qui se passe quand un glacier, par exemple, fond sur les bords: l'eau de surface s'écoule jusqu'au fond rocheux, où elle agit comme un lubrifiant, faisant "glisser" le glacier plus vite.

Des phénomènes similaires ont été observés en Antarctique ces dernières années.

"Une comparaison de données récentes avec d'autres obtenues en 1957-1958 suggère que les changements sont sans précédent pour les derniers 50 ans", explique Éric Rignot, un chercheur français aujourd'hui employé au Jet Propulsion Laboratory de la NASA, dans le cadre du congrès annuel de l'Association américaine pour l'avancement des sciences, au Missouri –où cette étude a fait l'objet d'une conférence très courue.

"Ce sont des glaciers très actifs, poursuit-il. Similaires aux glaciers de l'Alaska: une fois que vous les avez déséquilibrés un tout petit peu, ils commencent à s'amincir et à reculer très vite."

Ou encore, pour prendre une métaphore plus inquiétante: "c'est un peu, dit-il, comme si les barrages étaient en train de lâcher".

Si l'étude de ces deux spécialistes des glaciers –Pannir Kanagaratnam, lui, est au centre de télésurveillance des calottes polaires de l'Université du Kansas– a fait tant de bruit, ce n'est pas à cause de ses prévisions pessimistes, mais parce qu'elle est la première à tenir compte des changements récents de la vitesse de déplacement des glaciers: cette dynamique vient donc s'ajouter aux multiples données accumulées depuis les années 1990 sur la hausse des températures (notamment celle des derniers millénaires, mesurée dans des prélèvements de glaces) et sur la diminution d'épaisseur des glaciers (mesurée depuis le sol ou par des satellites).

Glaciologues, hydrologues et autres climatologues en savent donc, aujourd'hui, un peu plus sur le comportement des glaciers –une information qui risque de se révéler utile, non pas dans 1000 ans comme on le croyait, mais dans moins de 100 ans.

Et qui sait si, d'ici là, le Sud du Groenland ne se méritera pas à nouveau son nom, donné par les Vikings au 10e siècle: Groenland - Greenland - la terre verte.

Pascal Lapointe

 

 

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