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semaines du 30 janvier 2006



Une planète, un clin d'oeil cosmique

La quête d'une autre Terre vient de franchir un pas important: la toute dernière des planètes détectées autour d'une autre étoile fait seulement cinq fois et demi la masse de la Terre. Et elle est si loin que la technologie utilisée devrait permettre d'en découvrir beaucoup d'autres, plus proches.


Sa taille: cinq fois et demi la Terre, c'est gros, mais c'est apparemment, selon les astronomes, juste assez petit pour que cette planète "ne soit pas" une boule de gaz. La raison: à ce seuil, sa gravité serait trop faible pour faire tenir ensemble une telle masse de gaz. Par conséquent, si cette planète n'est pas une boule de gaz (comme Jupiter), elle est une boule de roc (comme la Terre). C'est ainsi que raisonnent les astronomes.

Sa distance: elle est à 21 500 années-lumière de nous. C'est énorme, si on se rappelle qu'au cours des dernières années, on a fréquemment détecté des planètes situées à 10, 20 ou 100 années-lumière. Logiquement, si on a pu détecter une "petite" planète aussi loin, on devrait pouvoir en détecter à de plus petites distances.

Logique en effet. Alors pourquoi n'en a-t-on pas détecté plus tôt, de telles "petites" planètes? Deux raisons.

Première raison: beaucoup des planètes géantes détectées jusqu'ici (un total de 170 depuis dix ans) l'ont été parce qu'elles sont très près de leur étoile: tellement près qu'elles accomplissent une orbite en moins d'un an, voire moins d'un mois. Résultat, les perturbations (infimes) qu'elles provoquent sur leur étoile en lui tournant autour reviennent à des intervalles réguliers de moins d'un an, voire moins d'un mois. Il faut donc des observations astronomiques relativement courtes pour confirmer la présence d'une planète.

En revanche, cette nouvelle planète tourne autour de son étoile en deux ans: il aurait donc fallu, en théorie, au moins quatre ans d'observations (deux passages au même endroit), et probablement plus encore, pour confirmer que la perturbation est régulière.

Deuxième raison: la technique utilisée par les astronomes, cette fois-ci, est différente. Généralement, ce sont effectivement les infimes perturbations à la surface de l'étoile qui trahissent la présence d'une planète –et encore doit-elle être très grosse. Dans ce cas-ci, ce sont d'infimes variations de la lumière.

Explication. Une théorie d'Einstein dit qu'un rayon de lumière peut être courbé par la présence d'un objet très lourd (une étoile ou une planète). Et une technique appelée micro-lentille gravitationnelle peut en théorie détecter cette infime courbure si l'objet lourd passe entre l'étoile et nous. Evidemment, il faut pour cela regarder au bon endroit au bon moment: c'est l'équivalent d'un clin d'œil cosmique, pour reprendre l'expression du New York Times.

Seulement trois des 170 planètes dites "extra-solaires" ont été, depuis 10 ans, détectées par ce truc.

Pourquoi s'intéresser aux planètes extra-solaires?

Parce que cela pose, chaque fois, la question fondamentale: qui sommes-nous, d'où venons-nous.

Planètes extra-solaires: des piqûres d'espoir

Mais cette quête d'autres planètes est aussi une compétition où ça joue dur parmi les astronomes

Chicane pour une planète (octobre 2004)

Une occasion d'affaires (février 2002)

Et quelques premières au fil des années

"Seulement" 70 fois la Terre (avril 2000)

Première détection d'une atmosphère (novembre 2001)

Première détection par la micro-lentille gravitationnelle (janvier 2003)

Première photo (mai 2005)

Sept fois et demi la Terre (juin 2005)

C'est que pour y arriver, il faut pouvoir compter sur un réseau étalé sur toute la planète, capable de réagir à la moindre alerte: il faut que la Terre se trouve dans le bon axe, et il faut que quelqu'un, qui regarde au bon endroit, alerte les autres. C'est pourquoi l'exploit a été accompli par une équipe imposante: 73 scientifiques éparpillés dans 12 pays, dirigés par Jean-Philippe Beaulieu, de l'Institut d'astrophysique de Paris. Le 10 août, l'un des membres a remarqué, sur l'une des étoiles suivies, un "flash" qui était ce que les chasseurs de planètes espéraient. Il a lancé l'alerte: les télescopes disponibles se sont dirigés vers cette étoile. Sept heures plus tard, le "flash" était terminé. La planète était passée.

Les résultats sont parus cette semaine dans la revue britannique Nature. Et ils ouvrent une nouvelle fenêtre: si on a pu détecter pareil flash à 21 500 années-lumière, alors que ce type d'observation internationale ne fait que commencer, c'est qu'on risque d'en détecter beaucoup plus autour de beaucoup plus d'étoiles.

Autrement dit: depuis 10 ans, sur les 170 planètes détectées autour d'étoiles autres que notre Soleil, la quasi-totalité étaient des planètes géantes comme Jupiter, ou plus grosses encore. L'ère de la découverte de planètes plus intéressantes –des planètes rocheuses comme la nôtre– vient de commencer.

Ceci dit, compte tenu du temps que cette planète met à accomplir une orbite (plus de deux ans) et de la taille de son étoile (cinq fois moindre que notre Soleil), les astronomes estiment la distance entre elles deux à 400 millions de kilomètres. C'est trop loin pour rêver à de la vie (moins 150 degrés Celsius). Mais les astronomes ne rêvent pas à de la vie: ils rêvent d'ores et déjà à d'autres clins d'œil cosmiques.

Pascal Lapointe

 

 

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