Semaine du 7 juin 1999

En manchettes la semaine dernière:
Le clonage est-il mort?

A lire également cette semaine:
Des extra-terrestres sans énergie

Une étoile qui se rallume

La mari génère un intérêt international

Ces enfants sans vaccins

Insaisissables prions

Et plus encore...


Archives des manchettes


LE KIOSQUE
Pour être branché sur la science

Notre nouvelle section:

Capsules québécoises


Qui sommes-nous?


Retour à la page d'accueil


En manchettes sur le Net est une production Agence Science-Presse


Faut-il avoir peur de la dioxine?


D
ioxine par-ci, dioxine par là... Panique injustifiée ou risque réel? Un peu des deux, mais tout de même beaucoup plus de l'un que de l'autre.

 

Depuis le début de la "crise de la dioxine", le 30 mai -ou crise du poulet contaminé à la dioxine- on a beaucoup cité en exemple la maladie de la vache folle et tous les soubresauts économiques qu'elle a entraînés, à commencer par le retrait de la viande de boeuf britannique des étalages européens. Et si les deux crises n'ont, d'un point de vue scientifique, absolument rien à voir, elles sont étroitement liées sur un plan: la perception qu'a le public de ce qu'il mange. Difficile, désormais, de le convaincre que son assiette est un milieu tout à fait sécuritaire...

Il faut surtout voir la vitesse effrenée à laquelle cette "contamination" -ou, pour être exact, la crainte d'une contamination- s'est répandue: selon l'hypothèse la plus couramment admise, tout serait parti, très bêtement, l'an dernier, de deux entrepreneurs belges, dirigeants d'une entreprise spécialisée dans la production de graisse animale pour la nourriture des animaux d'élevage. Les deux petits génies, père et fils, auraient décidé, selon une interprétation qui reste toutefois à confirmer, d'ajouter de l'huile à moteur dans leur recette, dans le but d'accroître le volume de nourriture. Résultat: quelque 80 000 kg de nourriture contaminée à la dioxine ont été expédiés à des élevages de volailles et de porcs, au fil des mois.

On sait déjà que le niveau de dioxine dans les produits du porc touchés dépasse dans certains cas 1500 fois la limite autorisée; on ignore ce qu'il en est de la volaille.

Pour ajouter l'insulte à l'injure, les politiciens belges n'ont pas mieux réagi, eux qui étaient au courant de la chose depuis avril et qui ne l'ont admis qu'à la fin-mai -une réaction, si on peut parler de réaction, qui a entraîné la démission de deux ministres belges.

Bref, un cas flagrant d'incompétence ou d'aveuglement chez des producteurs, doublé d'un scandale politique. La routine, quoi.

Mais une fois cela admis, il faut remettre les pendules à l'heure. Oui, le niveau de dioxine est élevé, mais pour vraiment mettre votre santé en danger il faudrait, calcule Libération, "consommer lesdits poulets chaque jour pendant des mois".

Des quatre coins de l'Europe, les ministres, ne voulant pas finir comme leurs deux collègues belges, interdisent à qui mieux mieux: en Grande-Bretagne par exemple, interdiction de l'entrée de la volaille et des porcs belges sur le territoire, et destruction des stocks... tout en signalant que les risques sont "infiniment petits". En France, embargo sur tous les animaux en provenance de Belgique -vous avez bien lu, TOUS les animaux. Et à l'échelle de l'Europe, interdiction décrétée par la Commission européenne, à "toutes les productions susceptibles d'avoir été contaminées par de la dioxine", ce qui est moins large qu'en France, mais tout de même déjà pas mal: les poulets et les produits dérivés contenant plus de 2% d'oeufs (pâtes, glaces, mayonnaises, biscuits, etc.), mais aussi -alors que le comité vétérinaire n'a pourtant pas encore rendu son verdict là-dessus- la viande de porc et de boeuf ainsi que les produits dérivés, datant du 15 janvier au plus tard. Ca fait beaucoup.

Mesures exagérées? D'une part, l'interdiction est plus facile à émettre qu'à appliquer: retirer du marché "tous les aliments susceptibles d'avoir été contaminés par la dioxine belge" s'avère un casse-tête pratiquement impossible à résoudre, tant, justement, l'éventail des produits touchés est immense -et les ressources pour départager ces produits, limitées. Et où arrête-t-on? Faut-il inclure les poulets français? Ainsi que les porcs et les bovins?

D'autre part, et ceci est encore plus important, "on ne sait pas quel est le niveau réel de risque" admet à Libération Martin Hirsch, directeur de l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments. On sait que la dioxine est un puissant contaminant. Rejeton de l'industrialisation, ce produit a été retrouvé ces dernières années jusque dans le lait maternel, et a pour particularité de s'accumuler dans le gras animal... et humain, où il peut séjourner plus de 30 ans, provoquant cancers, maladies de la peau et affaiblissement des défenses immunitaires. Mais ses effets varient considérablement en fonction de la dose ingurgitée, et de la durée. Une bouchée de poulet, ou même un poulet complet, quand bien même la dose de dioxine y dépasserait de 1500 fois la dose permise (741 picogrammes par gramme de matière grasse, pour être exact), n'est pas dangereux pour la santé.

Toute comparaison avec la vache folle est donc exagérée: bien que cette "contamination" ait commencé l'an dernier, il n'y a eu nulle part mort d'hommes. Et personne n'est soupçonné d'avoir joué avec la nature, en transformant des herbivores en carnivores, comme cela avait été le cas en Grande-Bretagne (ces vaches nourries avec de la farine produite à base de graisse animale, qui avait été le vecteur de transmission de la maladie).

Les responsabilités n'en seront que plus difficiles à distribuer...

 

En manchettes sur le Net

La Science d'ici et d'ailleurs

Le Kiosque

Science pour tous

Hebdo-Science

Meilleurs sites en science

Bric-ˆ-Brac

CyberExpress

C'est quoi l'ASP

Hommages ˆ...

La Qute des origines

Le Monde selon Goldstyn

Questionnaire