EN MANCHETTES SUR LE NET


Semaine du lundi 9 juin 1997


En manchettes la semaine dernière:
Les dinosaures ne sont pas disparu$

A lire également cette semaine:
Plus vieux ne signifie pas plus sage

Le comité américain appuie le clonage d'embryons humains

Le sex-appeal des mouches à fruits

Et:

Section spéciale:
Y a-t-il d'autres Terre? Y a-t-il de la vie ailleurs?


Retrouvez les manchettes des semaines précédentes



Qui sommes-nous?


Commentaires?



Retour au site de l'ASP

Répertoire des meilleurs sites scientifiques


Sommaire des magazines scientifiques



Publicité


En manchettes sur le Net est une production Agence Science-Presse

 

La contre-attaque des bactéries


Ca pourrait être la nouvelle, non pas de la semaine, mais de l'année: le Centre de contrôle des maladies d'Atlanta a annoncé récemment l'apparition, au Japon, d'une souche de staphylocoque doré résistante non pas à un ou à deux, mais à tous les antibiotiques connus.

 

Le patient à l'origine de cet émoi avait été traité en vain avec de la pénicilline et de la méthicilline. L'utilisation de vancomycine, arme ultime, pendant 29 jours, s'est également révélée inutile: la bactérie a été la plus forte, et le patient est décédé.

La réémergence de bactéries qu'on croyait écrasées par l'action des antibiotiques n'est pas une chose nouvelle: il y a une dizaine d'années que les signes avant-coureurs se multiplie, et que les microbiologistes tirent la sonnette d'alarme.

L'apparition, par contre, d'une bactérie résistante à tous les antibiotiques a de quoi faire frémir.


Pourquoi des bactéries résistantes?

Si les microbiologistes tiraient la sonnette d'alarme, c'était parce qu'ils considéraient, avec d'autres, que le corps médical abusait des antibiotiques, depuis leur découverte, dans les années 40. En les surutilisant, y compris dans des cas où des médicaments plus conventionnels auraient fait l'affaire, ils accéléraient "l'adaptation" des bactéries: beaucoup d'entre elles succombaient, mais il s'en trouvait suffisamment chaque fois pour survivre au traitement, pour qu'une souche plus résistante finisse par se développer.

En soi, c'est un phénomène banal: on appelle ça l'évolution des espèces. Les plus forts, ou les plus adaptés, survivent. "Darwin n'aurait pas été surpris", écrivait en mars 1996 le Bulletin de l'Alberta Heritage Foundation for Medical Research.

"Les bactéries sont devenus un exemple éclairant du crédo de Darwin "la survie des mieux adaptés". "

Et comme la bactérie est la forme de vie la plus abondante, la plus répandue -on en retrouve dans notre salive et dans notre estomac, où elle effectue des tâches indispensables- en plus d'être la forme de vie la plus simple que l'on connaisse -une seule cellule, sans noyaux- une "adaptation", pour elle, ne se mesure pas en millions d'années...

Le Time en avait fait son dossier de couverture dès septembre 1994. Sous le titre accrocheur "Les microbes contre-attaquent", le magazine expliquait le danger auquel faisait face les médecins, qui risquaient de se retrouver complètement démunis le jour où apparaîtrait une nouvelle souche d'une bactérie connue, voire une bactérie complètement inconnue jusque-là, résistante à tous les antibiotiques disponibles.

"L'humanité a jadis eu l'outrecuidance de croire qu'elle pourrait contrôler ou même conquérir tous ces microbes. Mais quiconque lit les manchettes sait combien cet espoir est devenu vain. De nouvelles souches émergent -le sida n'est que l'une d'elles- et de plus anciens maux comme la tuberculose évoluent rapidement en des formes résistantes aux antibiotiques, la principale arme de l'arsenal médical. Le danger est encore plus grand, bien sûr, dans les pays sous-développés, où des épidémies de choléra, de disenterie et de malaria sont répandues par la guerre, la pauvreté, la surpopulation et l'hygiène déficiente. Le monde microbien ne connaît aucune frontière."

"La question a cessé d'être: Quand ces maladies infectueuses seront-elles éradiquées? et est devenue: Quand apparaîtra le prochain nouveau virus mortel?"

Le terrifiant virus Ebola en fut un exemple, mais le problème est en soi encore pire qu'Ebola, ajoutait l'an dernier le Dr Mitchell Cohen, du Centre national des maladies d'Atlanta, dans une édition spéciale du Time (The New Frontiers of Medicine)

"Nous faisons face en ce moment à des infections dans nos hôpitaux, ici même aux Etats-Unis. Des maladies liées à la nourriture sont devenues un des problèmes de santé communautaire les plus criants. Pour moi, c'est beaucoup plus préoccupant que quelque chose de terrible se produisant dans la jungle."

En janvier dernier, une unité des soins intensifs d'un hôpital britannique avait dû fermer ses portes, en raison de la présence d'une punaise résistante aux antibiotiques. La bestiole avait été découverte chez un patient récemment transféré d'Espagne. Le patient était par la suite mort d'autres causes, mais toute tentative pour éliminer l'organisme avait échouée. Bien qu'aucun autre patient n'ait apparemment été infecté, l'inquiétude avait été suffisamment grande pour entraîner la fermeture de l'unité.

Un épisode similaire s'était produit en octobre 1996 à Sacramento, Californie, alors que 10 patients infectés par la bactérie Entérocoque s'étaient révélés insensibles à la vancomycine, un antibiotique créé dans les années 60. Une variété de cette bactérie résistante à la vancomycine avait été identifiée sur la côte Est américaine dès 1992, mais c'était la première fois qu'elle l'était sur la côte Ouest. En temps normal, l'entérocoque vit sans causer de dommages dans les estomacs de 95% de la population.

D'autres épisodes similaires ont été signalés, à Toronto en 1995 (40 cas), et en Saskatchewan en 1996 (35 cas).

Comme si tout cela ne suffisait pas, l'hebdomadaire américain spécialisé dans les questions de défense Jane's dévoilait récemment que la Russie avait inventé une nouvelle variété d'anthrax -une arme bactériologique- résistante à toute forme d'antibiotiques. De quoi provoquer une catastrophe, si cela venait à tomber en de mauvaises mains, préviennent les experts.

Quant à l'incident de l'hôpital britannique, en janvier, il s'est produit même où l'Organisation mondiale de la santé déclenchait une alerte internationale: les bactéries résistantes aux antibiotiques sont sur le point, écrivait-on alors -il y a seulement quatre mois! d'être présentées comme le problème le plus sérieux auquel a à faire face la communauté médicale du monde entier.

"Le problème devient rapidement incontrôlé, et ses implications sont dévastatrices", déclarait un porte-parole de l'OMS. En 1952, poursuivait-il, presque toutes les souches de staphylocoques pouvaient être traitées efficacement avec de la pénicilline. Trente ans plus tard, moins de 10 pour cent pouvaient l'être. Aujourd'hui, il y a des souches de staphylocoques qui sont résistantes à tous (les antibiotiques) sauf un -vancomycine.

Et c'est exactement l'obstacle ultime qui vient d'être renversé au Japon.




Organisation mondiale de la santé


Depuis l'arrivée du compteur, le 23 décembre, cette page a accueilli visiteurs.