Semaine du 10 juillet 2000

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A
moins d'avoir passé toute la semaine loin des médias, vous savez qu'a actuellement lieu, en Afrique, un congrès mondial sur le sida. Et si, après avoir lu cette phrase, déjà, vous avez envie de cliquer pour changer de page, vous avez compris pourquoi l'Afrique a autant de mal à lutter contre le sida : au Nord de l'équateur, on s'en fout.

Est-ce que vous vous en foutez?
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Selon un récent rapport du programme des Nations Unies contre le sida (ONUSIDA), la maladie aurait enlevé 18 millions de vie depuis 1981.

Mais plus dramatique est cette autre donnée: il y aurait à l'heure actuelle 34 millions de personnes, adultes et enfants, infectées... dont 24,5 millions en Afrique sub-saharienne.

Ce que cela signifie a déjà été évoqué dans nos pages: dans les pays du Nord, la maladie est en régression. Lorsqu'il est combattu à temps, le VIH -le virus responsable du sida- peut être considérablement affaibli par la fameuse "tri-thérapie" -le cocktail de trois médicaments, dont l'AZT, qui constitue, à ce jour, l'arme la plus efficace.

Affaibli, mais non éliminé -en fait, les spécialistes croient que le virus n'est jamais complètement détruit, mais qu'il demeure "endormi", à un niveau indétectable, au fond de notre organisme; mais au moins, le taux de mortalité recule régulièrement depuis 1995.

Mais cela vaut pour les pays du Nord seulement. Parce que la trithérapie coûte très cher, elle est hors de prix pour les établissements de santé d'Afrique et d'une bonne partie de l'Asie. Et on ne vous parle même pas des patients....

Au-delà des considérations scientifiques qui, cette fois encore, prennent beaucoup de place dans de Congrès mondial sur le sida -le 13e du nom, et le premier à se tenir en Afrique, plus précisément, à Durban, Afrique du Sud- ce sont donc les considérations politiques qui retiennent l'attention cette année.

Les enjeux politiques, en effet, sont au nombre de trois : l'argent, l'ignorance et une société décapitée.

 Une sélection des meilleurs reportages sur la XIIIe Congrès mondial sur le sida


16 juillet

Analyse: le sida en Afrique a besoin d'une approche différente
(New York Times)

15 juillet

Clôture d'un congrès plus politique que médical
(Libération)

12 juillet

"Une menace à la paix", selon un projet de résolution à l'ONU
(Le Monde)

L'Eglise catholique porte une part de responsabilité
(Daily Telegraph)

11 juillet

La variable mystérieuse: la circoncision
(New York Times)

Les chercheurs craignent que l'attitude du président sud-africain ne mette des vies en danger
(Daily Telegraph)

La France plaide pour l'accès aux traitements
(Libération)

10 juillet

L'Afrique du Sud ouvre le congrès dans la controverse
(New York Times)

La planète sida face à la fracture Nord-Sud (Libération)

Le président du Botswana craint l'extinction de son peuple à cause du sida
(Daily Telegraph)

Editorial: les pauvres et le sida
(Le Monde)

9 juillet

Une juge de la Cour suprême parle de la mort de ses amis
(Sunday Times, Le Cap)
 

 

1) L'argent. 90% des malades sont au Sud, 90% des traitements sont au Nord, résume l'Onusida. La trithérapie est hors de prix. Et même si, en mai dernier, les cinq géants pharmaceutiques mondiaux ont annoncé qu'ils allaient "faire un prix" aux pays du Tiers-Monde, c'est encore insuffisant. A 200$ par mois (70% moins cher que dans les pays occidentaux!) cela reste inaccessible à la quasi-totalité des sidéens africains.

Au Brésil, selon Libération, on en est rendu au point où le "piratage " des médicaments a la cote. "Reproduire la formule des médicaments contre le sida, c'est facile, bon marché et excellent pour la santé des malades... En 1997, le ministère de la Santé a autorisé le centre publique (sic) de recherche Far-Manguinhos à Rio à copier les formules des antirétroviraux non protégés par des brevets. " "Les formules ne sont jamais tout à fait correctes, explique l'un des "experts", il y a toujours un "truc" pour éviter les copies. Mais comme cela fait quatorze ans que nous faisons des copies de médicaments, notre expérience nous permet d'aboutir sans trop de difficulté." Serait-ce là la pharmacologie de l'avenir?

En attendant, le salut semble toutefois être du côté d'un éventuel vaccin. C'est d'ailleurs le seul endroit où la science rejoindra la politique au cours de ce congrès de Durban, auquel prendront part 10 000 personnes, scientifiques et décideurs : car un vaccin, qu'on ne doit injecter qu'une seule fois, est par définition moins cher qu'un médicament qu'il faut prendre deux fois, trois fois, voire six fois par jour. Or, depuis 10 ans, pratiquement tous les efforts des laboratoires ont été dirigés vers la mise au point de médicaments (lesquels, pour les mêmes raisons, sont plus rentables qu'un vaccin, pour une compagnie). Le vent est peut-être en train de tourner en faveur des vaccins, à la lumière du désastre qui frappe l'Afrique. Mais même avec la meilleure volonté du monde, il faut plusieurs années pour en mettre un au point.

 

2) L'ignorance. L'épidémie étant transmissible sexuellement, elle fait partie de ces choses dont on ne parle pas dans plusieurs sociétés, ce qui ne facilite pas le travail d'éducation. En Afrique du Sud, ce problème a été renforcé ces dernières semaines par le président lui-même, qui a ressuscité une idée qu'on croyait morte depuis 15 ans: celle suivant laquelle le VIH ne serait pas responsable du sida. Dans une société qui avait déjà du mal à faire circuler l'information sur les pratiques sexuelles " à risque ", cette intervention publique a donné du poids à ceux qui veulent croire que l'AZT est inutile, et le condom encore plus. Et ce, alors qu'on apprend qu'en Afrique du Sud, la proportion de gens infectés est passée de 1% à 20%... en moins de 10 ans.

Inutile de dire que les scientifiques sont en froid avec le président Thabo Mbeki. Cinq mille d'entre eux, dont plusieurs Prix Nobel, directeurs de centres de recherche, de laboratoires et d'universités, ont signé la semaine dernière la "Déclaration de Durban", par laquelle ils pointent du doigt l'abondance de preuves démontrant une filiation entre le VIH et le sida, et tout le tort que peuvent causer des déclarations mal informées. La Déclaration de Durban a été diplomatiquement "oubliée" lors de l'ouverture du Congrès. Mais tout le monde l'avait en tête lorsque le Président Mbeki est venu faire son discours d'ouverture.

L'ignorance fait également son chemin au Nord de l'équateur: là où le taux de mortalité est en régression, on assiste, révèlent des chiffres du Centre de contrôle des maladies d'Atlanta, à une recrudescence des comportements sexuels à risque, chez les jeunes et les homosexuels, y compris ceux porteurs du VIH. "Grâce au succès des trithérapies, lit-on dans Libération, les Américains pensent tout simplement que l'épidémie est terminée. " Le phénomène est illustré par la couverture accordée au sida par la presse américaine, qui a été l'une des plus prolifiques dans les années 80, et qui frôle l'indifférence aujourd'hui.

Tout n'est pas sombre, heureusement. Alors que dans certains coins d'Asie, le sida progresse à une vitesse alarmante (" seulement " 7 adultes sur 1000 en Inde seraient infectés, ce qui représente tout de même 3 millions et demi de personnes!) , ici et là, des efforts soutenus des gouvernements et des organismes communautaires ont conduit la maladie à ralentir, voire à reculer. En Thaïlande, la campagne " 100% condom " est en bonne partie responsable de la diminution de la proportion de jeunes hommes infectés depuis le début des années 90. Et l'Ouganda est souvent montré comme le modèle à suivre : son président fut le premier du continent noir à s'impliquer dans la lutte contre la maladie, avec pour résultat une diminution du taux de prévalence. Mais partout, on s'aperçoit que quels que soient les efforts investis pour informer et éduquer, les changements de comportements prennent du temps et mettent des années à se manifester.

 

3) Une société décapitée. Le terme " génération sacrifiée " que les jeunes du Nord emploient, apparaît grossièrement déphasé, face à ce qui se prépare là-bas : presque 9% des 15-49 ans sont infectés par le sida en Afrique sub-saharienne. Dans sept pays (Botswana, Lesotho, Namibie, Afrique du Sud, Swaziland, Zambie, Zimbabwe), la proportion atteint les 20%. Sur cinq garçons et filles de 15 ans, deux vont peut-être mourir du sida dans ces sept pays. A terme, c'est toute une société qui va se retrouver décapitée d'une génération. Jamais encore le monde n'aura expérimenté un taux de mortalité de cette magnitude parmi les jeunes adultes des deux sexes, dans toutes les couches sociales.



 

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