Semaine du 14 février 2000

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Thérapie génique ou histoire d'horreur?


L
a thérapie génique vire à l'histoire d'horreur. Après un décès, après une montagne d'effets secondaires dissimulés, après des échecs patents du côté des animaux de laboratoire et des rapports douteux, voici qu'on apprend qu'on pourrait avoir injecté le sida à certains patients.

 

Et cela, au moment même où, pour la première fois, des chercheurs annoncent avoir effectué une véritable percée : à Paris, une thérapie génique a supprimé chez des souris les plaques de graisse qui, en s'accumulant dans les artères, finissent par provoquer des crises cardiaques.

Mais cette réussite apparaîtra bien pâle si, au cours des prochaines semaines, la nouvelle dévoilée par le Washington Post doit se confirmer. Vingt-cinq jeunes patients de 4 à 17 ans, atteints de cancer au cerveau auraient été, peut-être dès 1995, accidentellement exposés au virus VIH, le virus responsable du sida. Les chercheurs s'en seraient aperçus en décembre mais, pour ajouter l'insulte à l'injure, l'incident n'a été rapporté que la semaine dernière -après que la direction du Centre de recherche de l'hôpital pour enfants St. Jude (Memphis) et du Collège Baylor de médecine (Houston) eurent appris que le Washington Post s'apprêtait à publier cette nouvelle.

Les deux journalistes, Rick Weiss et Deborah Nelson, qui ont effectivement publié cette histoire, à la Une de l'édition du 11 février, suivent la piste de la thérapie génique depuis cet automne. Ils sont à l'origine de dizaines d'articles dont plusieurs ont carrément orienté les enquêteurs gouvernementaux qui tentaient de faire la lumière sur le décès de Jesse Gelsinger, 18 ans, survenu en septembre. Jesse Gelsinger, souffrant d'une maladie héréditaire du foie, faisait l'objet d'un traitement expérimental -la fameuse thérapie génique. Il est ressorti de l'enquête que son état de santé, dans les jours précédant les derniers traitements, aurait dû obliger à interrompre ceux-ci.

La thérapie génique fait appel, comme son nom l'indique, aux gènes. Elle consiste à combattre une maladie héréditaire en éliminant le gène fautif, ou en atténuant ses effets -dans ce dernier cas, en le bombardant avec une substance précise, ou un virus.

C'est justement ce qui se serait passé avec ces 25 jeunes patients : le traitement qui leur était administré, et qui avait démarré en 1995, aurait pu être contaminé par le VIH, de même que par le VCH, le virus qui cause l'hépatite C.

Le " aurait pu être " est important : on n'est pas sûr que cette contamination ait bel et bien eu lieu. Il pourrait s'agir d'une fausse alarme, souligne le New York Times. Ce serait d'ailleurs la raison, assurent aujourd'hui les chercheurs, pour laquelle ils n'ont pas rendu publique cette nouvelle plus tôt.

Mais le seul fait qu'elle " aurait pu " avoir lieu a de quoi faire froncer les sourcils. La FDA (administration américaine des aliments et drogues) mène actuellement des tests. Et en attendant, les expériences sont interrompues.

Bien que tout le monde s'entende pour dire que la thérapie génique demeure un traitement hautement expérimental, elle soulève d'énormes espoirs. En fait, pour beaucoup de parents, il s'agit du seul espoir dont ils disposent. Les révélations de cet automne ont sérieusement nui à sa crédibilité mais surtout, à la crédibilité des responsables de ces thérapies, qui semblent enclins à dissimuler le plus longtemps possible les études qui leur sont défavorables -en dépit des règlements de la FDA, qui obligent les auteurs de toute thérapie expérimentale à signaler tout effet secondaire nouveau et tout décès chez les animaux de laboratoire, dans les plus brefs délais.

Quant aux nombreux reportages journalistiques, ils n'ont pas manqué de soulever le fait que, après plusieurs années, en dépit de nombreuses études encourageantes, on n'a toujours pas la moindre preuve que la thérapie génique ait guéri une seule personne.

Le 21 janvier, la FDA ordonnait l'interruption temporaire du prestigieux programme de thérapie génique de l'Université de Pennsylvanie, là où est décédé Jesse Gelsinger. CAPSULE Le 7 février, un centre médial de la région de Boston annonçait qu'il mettait temporairement le holà sur son propre programme de thérapie génique -12 patients atteints d'hémophilie y sont soignés.

La découverte française tombe donc à un bien mauvais moment, surtout si ces chercheurs espéraient que leur annonce suscite de l'intérêt chez d'éventuels commanditaires. Ce que cette équipe de la firme Rhone-Poulenc et de l'Institut Pasteur de Paris affirme avoir accompli, c'est un exploit qui ouvre la porte à une nouvelle façon de traiter le blocage des artères, une des causes principales des maladies cardiaques. Les chercheurs, dirigés par le Dr Nicholas Duverger, ont injecté à leurs souris un gène humain chargé de produire de l'apolipoprotéine E (ApoE), une protéine-clef dans le transport et l'élimination du cholestérol. Et le résultat semble probant : après 200 jours, on pouvait constater une énorme différence dans la quantité des dépôts de graisse dans les artères des animaux traités, par rapport aux animaux non-traités.

Selon la Fondation britannique du coeur, qui subventionne plusieurs recherches sur le rôle de l'ApoE dans la lutte contre les maladies cardiaques, il pourrait toutefois s'écouler une dizaine d'années avant que l'usage de cette protéine soit recommandé pour des humains -et ça, c'est en supposant que de futures études démontrent qu'elle semble aussi efficace chez eux que chez les souris.

En attendant, la thérapie génique aura encore plus d'une croûte à manger...

 

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