Semaine du 14 juin 1999

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La Terre entre chaud et froid


D'
un côté, elle se réchauffe. De l'autre, elle se refroidit. Portrait de la planète la plus complexe du système solaire.

 

La Terre ne connaît pas un réchauffement global, mais un refroidissement global!

Du moins, on en arrive à cette conclusion si on prend un certain recul historique. Beaucoup de recul. Au moins 50 millions d'années. Une pointe de chaleur avait été atteinte au début de la période appelée Eocène, alors que les mammifères commençaient tout juste à gravir les échelons -soit peu de temps après la disparition des dinosaures. Plus précisément, la Terre aurait été alors, en moyenne, de 5 degrés plus chaude qu'aujourd'hui -et de 16 degrés plus chaude autour de l'Antarctique! Depuis, ce sommet n'a plus jamais été atteint; notre planète s'est progressivement refroidie, le creux de la vague ayant été atteint lors des ères glaciaires des deux derniers millions d'années.

En soi, cette vision n'est pas nouvelle: tous les enfants ont déjà vu ces images de dinosaures gambadant au milieu d'un décor tropical, témoignage d'une planète jadis beaucoup plus chaude qu'elle ne l'est aujourd'hui. La vision n'est pas nouvelle, mais une équipe britannique vient d'apporter les chiffres les plus précis jamais avancés, à partir d'une étude des profondeurs de l'Océan Pacifique. Et plus important encore que ces chiffres, les chercheurs tentent d'avancer une explication quant à ce "refroidissement global".

D'emblée, est écarté le coupable auquel tout le monde pensait: le dioxyde de carbone ou CO2. Son niveau, écrivent dans Science Paul Pearson et Martin Palmer, n'était probablement pas plus élevé dans l'atmosphère d'il y a 50 millions d'années qu'il ne l'est maintenant. Pourtant, on sait que dans notre monde à nous, le dioxyde de carbone porte une lourde responsabilité: ce sont les émissions de gaz à effet de serre, donc en grande partie du CO2 (gaz d'échappement des automobiles, fumées d'usines, etc.), qui pourraient être les agents de réchauffement de notre planète.

Une deuxième étude, indépendante de celle de Palmer et Pearson, arrive à une conclusion similaire dans la dernière édition de Paleoceanography: même lorsque le climat fluctue, y lit-on, les niveaux de CO2 demeurent à peu près constants.

La conclusion est donc élémentaire: ou bien le climat est extraordinairement sensible aux plus minimes variations de CO2, ou bien quelque chose d'autre que le CO2 est responsable du refroidissement global. Par exemple, les changements dans les courants océaniques, changements qui sont peut-être le résultat de déplacements de plaques tectoniques.

Pour le paléoclimatologue Thomas Crowley, de l'Université A&M du Texas, interrogé par Science, cette démonstration est extrêmement importante, parce que ça pourrait bien être tout le "modèle CO2 standard" qui est en train de s'écrouler devant nous. Du moins, tant qu'il s'agit d'expliquer les variations climatiques à très long terme.

Mais pour le court terme, c'est autre chose. Sur une échelle d'un tout petit siècle, le CO2 pourrait effectivement demeurer un agent de changement important. Si important qu'au cours des deux prochaines décennies -autant dire demain, à l'échelle planétaire- le réchauffement global pourrait entraîner une "fermeture" complète de l'une des deux "pompes" qui alimente les profondeurs de l'Océan Atlantique. Fermeture entraînant à son tour rien de moins que l'interruption des courants du Labrador.

Ces conclusions brutales, on les doit à un modèle informatique des courants océaniques, le premier modèle du genre, qui a eu l'honneur d'une publication cette semaine dans Nature. Inutile de dire que la fermeture d'un pareil robinet -qui pourrait survenir dans moins d'un quart de siècle- aurait des conséquences catastrophiques sur les climats de part et d'autres de l'Atlantique, et en particulier en Europe: bouleversements pour la faune marine et terrestre dont les sources de nourriture s'effondrent ou déménagent.

Quelle est la probabilité d'un tel scénario? Difficile à dire: des incertitudes subsistent, à tel point que les auteurs ont bâti un scénario "optimiste" -qui prévoit un bouleversement, mais sans fermeture du robinet- et un "pessimiste" -qui prévoit un chambardement complet entre les années 2000 et 2030. Autrement dit, si ça doit se produire, ça va se produire vite.

 

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