Semaine du 21 août 2000

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Ceci est (presque) du clonage humain


L
a Grande-Bretagne qui autorise le clonage humain. Le Japon qui fait faire un grand pas en avant au clonage de porcs... mais sans fermer la porte à la transmission de dangereux virus. La semaine a été faste, et les scénarios de films d'horreurs ont resurgi.

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Personne n'a été surpris lorsque le gouvernement du premier ministre britannique, Tony Blair, a approuvé la semaine dernière les recommandations d'un comité d'experts sur le clonage humain: oui, les scientifiques de Grande-Bretagne auront le droit de pratiquer des expériences de clonage sur des cellules d'embryons humains âgés de moins de 7 jours.

Cela ne pourra en aucun cas, il est important de le souligner, conduire à la "création" d'êtres humains en laboratoire, ou de copies de qui que ce soit. Ce dont il est question ici, c'est plutôt du "clonage thérapeutique", c'est-à-dire la copie de cellules susceptibles de devenir un foie, ou un poumon, ou un coeur, à des fins, par exemple, de transplantation.

Des cellules d'embryons de moins de 7 jours sont requises parce qu'à ce stade, ces cellules, qu'on appelle cellules-souches, ne se sont pas encore spécialisées. Depuis deux ans et demi, dans des laboratoires d'Europe, du Japon et des Etats-Unis, les premiers pas ont été franchis vers des techniques qui permettront un jour "d'ordonner" à de telles cellules de se transformer en ce qu'on voudra. Ce sera la fin des pénuries d'organes. Ce sera également la clef pour des traitements contre l'Alzheimer ou le Parkinson: des tissus ou des cellules usés ou détruits par ces maladies pourront être remplacés par des "morceaux" tout neufs. Sans oublier que le fait de produire un embryon à partir d'un adulte comme vous et moi -comme cela a été réalisé pour la brebis Dolly- permettrait en théorie de produire ensuite, grâce à cet embryon de moins de 7 jours, des organes qui seraient les clones de vos propres organes -ce qui éliminerait tout risque de rejet.

"Le comité a examiné attentivement les questions éthiques, a souligné le Dr Liam Donaldson, président du comité d'experts qui a déposé son rapport en mai, et décidé que les bénéfices potentiels l'emportaient sur les inquiétudes." Toutes les recherches, a-t-il été précisé abondamment la semaine dernière, devront obtenir l'autorisation des autorités compétentes et être suivies de près par celles-ci.

Ces mesures de prudence n'ont toutefois pas suffi à rassurer les opposants, pas plus que les inquiets. Les mouvements pro-vie ont évidemment été prompts à dénoncer la décision du gouvernement de Tony Blair -qui doit encore être ratifiée par le Parlement cet automne. Pour eux, toute forme de clonage, quels que soient les bénéfices, est inacceptable, et représente un affront au caractère sacro-saint de la vie humaine -qu'il s'agisse de clonage thérapeutique ou de clonage dit "reproductif", celui qui a donné naissance à Dolly. Ils craignent également, et en cela ils sont rejoints par d'autres groupes, que l'acceptation du clonage thérapeutique n'ouvre la porte, dans un futur rapproché, au "vrai" clonage -c'est-à-dire la création de bébés qui seraient des copies conformes d'un parent.

Leurs inquiétudes ont eu bien des raisons d'être ravivées la semaine dernière. Parce qu'en même temps que cette nouvelle tombait à Londres, deux études, dans les revues Science et Nature, donnaient une autre dimension aux perspectives de clonage. Dans le premier cas, des chercheurs japonais ont annoncé avoir cloné une truie,appelée Xena. C'est l'aboutissement de pas moins de 10 années de travail pour eux. Dans le deuxième cas, des chercheurs de l'Institut Roslin, en Ecosse -là où est née Dolly- décrivent les circonstances ayant mené à la naissance de cinq cochons clonés, naissance dont nous avions fait état il y a quelques mois.

Ces deux études ont un point commun. Elles se penchent sur une stratégie différente de celle mentionnée plus haut pour pallier aux pénuries d'organes : la transplantation d'organes d'animaux. Dans les deux cas, ces clonages de porcs nous approchent en effet peut-être du moment où il sera possible de produire des porcs dont les organes auraient été préparés "sur mesure".

Sauf que le " peut-être " est très important : dans les deux cas, les chercheurs, poussés dans leurs derniers retranchements, admettent que l'obstacle majeur, à savoir la possibilité que des virus d'origine porcine ne soient transmis à l'homme, cet obstacle-là, n'a pas encore été éliminé. Une troisième étude, également parue la semaine dernière dans Nature, vient fort opportunément rappeler ce fait : des souris de l'Institut Scripps de La Jolla, en Californie, à qui on a injecté des cellules de pancréas de porcs, ont développé un rétrovirus de ce porc.

Un virus bénin, sans effets secondaires, mais un virus tout de même. Un virus qui n'aurait pas dû être là. Au point où la firme américaine Geron, propriétaire depuis l'an dernier de l'Institut Roslin, a annoncé ne carrément plus croire aux porcs comme futurs donneurs d'organes. Le risque de transmission de maladies jusqu'ici inconnues chez l'homme serait trop grand.

Ce qui nous ramène donc au clonage de cellules humaines. Au clonage humain. Avec toutes les craintes que ce terme transporte.

Ce n'est pas pour tout de suite, certes. L'autorisation britannique veut tout simplement dire que ces chercheurs pourront commencer à expérimenter. Aux Etats-Unis, de telles expériences sont possibles depuis des années -sauf dans le cas de projets subventionnés par le gouvernement- et on n'a pas encore vu surgir d'éprouvettes des individus à deux pattes dotés de conscience. Quant à la technologie consistant à " ordonner " aux cellules-souches de se transformer en l'organe désiré est encore au stade théorique. "C'est une méthode compliquée, coûteuse, qui demande beaucoup de temps, sans compter que la manipulation n'est valable que pour un seul individu à chaque fois", explique pour Libération André Boué, membre du comité consultatif d'éthique de France. Il faut aussi "être certain que ces cellules regreffées ne donneront pas de cellules cancéreuses", renchérit Axel Kahn, directeur du laboratoire de recherches en physiologie et pathologie génétiques et moléculaires à l'Inserm.

Mais la pression va être forte sur les autres pays -entre autres, la France, où de telles manipulations sont interdites, et le Canada, où existe un vide juridique.

 

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