Semaine du 22 mai 2000

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Embryons génétiquement modifiés Un pas de plus dans la direction... Quelle direction? Des manipulations génétiques ont été réalisées avec succès sur 14 embryons de macaques, ouvrant la voie, c'est à craindre, à de telles manipulations chez leurs proches cousins : nous-mêmes.   C'est en effet une porte ouverte vers le traitement de tares génétiques avant la naissance, qui a été dévoilée cette semaine par le Dr Bruce A. Bunnell, de l'hôpital pour enfants de Columbus, Ohio. C'est la première fois qu'est réalisé avec succès un transfert de gène dans le foetus d'une espèce aussi proche des humains. Ceci semble démontrer, disent les chercheurs, que ce genre de manipulation avant la naissance ne présente aucun risque de malformation pour le foetus. L'expérience a consisté à injecter ce qu'on appelle un gène marqueur, dérivé du gène qui, chez la méduse, lui permet d'émettre une lueur dans l'obscurité. Tous les embryons ont été menés à terme, et les bébés-macaques étaient en bonne santé et "normaux" à la naissance, a révélé le Dr Bunnell dans le cadre d'un colloque de l'Association américaine de pédiatrie. Le gène-marqueur était également là, mais a cessé d'être "exprimé" un mois après la naissance, chez tous les singes, et ce pour des raisons inconnues. Les auteurs de l'étude se demandent s'il ne pourrait pas s'agir d'une réaction du système immunitaire à la protéine "étrangère" émise par ce gène. Cette réalisation sera accueillie avec enthousiasme par les promoteurs de la thérapie génique qui, après 10 ans d'essai, demeurent à peu près tous au point zéro. Mais elle va d'abord et avant tout soulever une vague de questions morales, en dépit des nombreuses étapes qui restent à franchir avant qu'une telle expérience ne puisse s'appliquer à l'espèce humaine. Car la tentation est là: de nombreuses maladies, comme la fibrose cystique ou la dystrophie musculaire, sont causées par un ou des gènes défectueux qui, à l'heure qu'il est, sont dûment identifiés, et même détectables bien avant la naissance.