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Semaine du lundi 24 février 1997


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En manchettes sur le Net est une production Agence Science-Presse

La science rattrape la science-fiction

Le premier clone d'un adulte est né

 

Un groupe de scientifiques écossais a annoncé dimanche avoir créé un clone d'un mammifère adulte, une brebis nommée Dolly, née en juillet dernier. La mère et son "double" se portent bien.

Comme les amateurs de science-fiction le savent déjà, un clone, c'est un double d'un être vivant. Cette réalisation phénoménale constitue une percée pour la recherche en génétique, et ouvre la porte à la "création" d'animaux de ferme choisis en fonction de besoins tres particuliers. Mais elle ouvre aussi la porte à des futurs angoissants pour l'être humain.

Les retombées en agro-alimentaires sont nombreuses, explique le Daily Telegraph de Londres: une simple cellule pourrait être prélevée chez un taureau primé, un cheval de compétition ou un porc descendant de champions, et utilisée pour produire des centaines de copies de cet animal. L'ajout ou le retrait de certains gènes dans les cellules clonées offre aussi la possibilité de produire des animaux qui "fabriqueraient" un médicament dans leur lait, ou croîtraient plus rapidement, ou seraient plus résistants à certaines maladies, comme celle de la vache folle.

En revanche, disent déjà les adversaires, si on en arrive un jour à pouvoir appliquer cette technique à des êtres humains, on pourrait aussi produire des centaines d'Einstein... ou d'Hitler.

La technique du Dr Ian Wilmut, de l'Institut Roslin, près d'Edimbourg, est dans les faits, très simple: on prélève l'ovule d'une brebis, duquel on retire le noyau, qui contient l'ensemble du matériel génétique. On le remplace par une cellule prélevée -peu importe l'endroit- sur l'animal à cloner. Après la fusion, on procède à l'insémination artificielle (voir aussi cette illustration du Daily Telegraph).

D'autres équipes avaient déjà cloné des embryons, dont l'Institut Roslin l'an dernier. Deux sont déjà parvenus à l'âge adulte, et l'un attend son propre bébé. Dolly est toutefois le premier clone d'un animal adulte -et c'est là que réside la percée, les cellules adultes, au contraire des cellules d'embryons, étant déjà différenciées (bras, jambes, organes, etc.).

Pour l'un des principaux opposants à ce type d'expérience en Grande-Bretagne, l'éthicien Patrick Dixon, auteur de "La Révolution génétique", la porte est ouverte à de semblables expériences sur les êtres humains: si on a pu accomplir cet exploit sur un mammifère, on pourra l'accomplir sur des humains. Comme dans le roman d'Aldous Huxley, Le Meilleur des mondes, où les humains sont clonés dans le but d'en arriver à une race la plus "parfaite" possible...

Certes, il faudra encore des années avant que les scientifiques ne puissent altérer plusieurs gènes simultanément -ce qui serait nécessaire pour produire de meilleures races de boeufs ou de porcs. Mais la technologie est là.

Par ailleurs, souligne l'Institut Roslin, plusieurs pays, dont la Grande-Bretagne, ont adopté des lois interdisant la manipulation d'ovules humains, comme ont été manipulés ces ovules de brebis. D'autres s'interrogent toutefois sur la possibilité pratique d'interdire de telles expériences, "maintenant que le génie est sorti de la bouteille..."


Comment y sont-ils parvenus? Une explication du Daily Telegraph (très claire) et de MSNBC (moins complète)

Une réflexion du columnist du Washington Post


L'Institut Roslin

Une analyse du Dr Patrick Dixon sur le génie génétique