| Semaine du 28 août 2000 |  |
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En manchettes la semaine dernière:
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Le dauphin qui parle
Comment évaluer l'intelligence
d'un dauphin?
Imaginez que vous soyez chez vous en train de siffler votre air favori. Et voilà que tout à coup, votre chien se met à vous imiter. Vous serez surpris, bien sûr. D'autant plus que la capacité à imiter des sons est inexistante chez les mammifères terrestres, à part nous. Seuls certains oiseaux le font avec une habileté surprenante, et les perroquets sont bien connus pour imiter des sons "non-traditionnels" pour un perroquet. Une capacité absente des mammifères terrestres, disions-nous. Mais pas des mammifères marins. Tout le monde a entendu parler du chant des baleines, mais les baleines ne s'imitent pas les unes les autres. Elles ont un répertoire complexe de sons et de "phrases" dont la signification reste encore largement à découvrir. Et les dauphins, alors, dont on prétend qu'ils sont si intelligents? Ceux qui les étudient en captivité savent déjà qu'ils ont une capacité étonnante à imiter des sons émis par des humains : quelques secondes leur suffisent pour le reproduire avec précision. Dans la dernière édition de la revue Science, un biologiste écossais confirme que cette capacité leur sert aussi dans la nature: après avoir dûment enregistré et classifié 1719 sifflements de dauphins étalés sur sept jours pendant deux étés, ce scientifique en arrive à la conclusion que les dauphins imitent à la perfection les sifflements des autres membres de leur groupe. Le fait qu'ils apprennent à imiter les sons de leur congénères constitue peut-être le premier pas vers l'apprentissage d'un véritable langage. Il faut rappeler que les dauphins à grand nez, l'espèce dont il est question ici, sont des mammifères sociaux, ce qui signifie qu'ils vivent habituellement en groupe. Ces groupes sont qualifiés de "fluides", ce qui signifie que de nouveaux arrivants peuvent y entrer à tout moment. Ce qui n'empêche pas les biologistes d'avoir remarqué depuis longtemps que les dauphins peuvent partager des liens très étroits avec les membres de leur groupe. Un mâle, une femelle et leur petit peuvent être observés ensembles pendant des périodes aussi longues que cinq à dix ans. Des liens aussi étroits nécessitent donc une forme de communication ou des signes de reconnaissance, quels qu'ils soient, ne serait-ce que pour retrouver le compagnon ou la compagne lorsqu'on en a été isolé. Chez certains animaux, ce sera par l'odeur, chez d'autres, par des signes anatomiques. Sous l'eau, le son semble le signe de reconnaissance le plus logique. Là encore, chez des dauphins en captivité, ce sont des traits que les chercheurs avaient pu observer. Que chaque dauphin ait son propre sifflement (sa propre signature en quelque sorte), cela était connu. Que cette signature, il la développe dès la première année de sa vie, cela aussi était connu -et déjà, cela signifiait que le dauphin est capable d'apprendre, puisque cette signature, bien que différente de celle des parents, leur ressemble tout de même sensiblement. Or, ce que vient de découvrir le biologiste écossais Vincent M. Janik, de l'Université de St. Andrews, c'est que dans la mer, un nombre élevé de sifflements constituent, à moins de trois secondes d'intervalle, une imitation parfaite d'un autre sifflement. Autrement dit, le dauphin A envoie un son, et le dauphin B lui répond en l'imitant. Selon Janik, c'est là la preuve définitive de l'existence d'une forme de dialogue entre les dauphins, donc d'une forme primitive de langage. Les sifflements ne servent plus seulement à dire "youhou, je suis là", mais également à dire "salut, toi!". Et ça, mine de rien, c'est un comportement qui, sur le plan de l'intelligence, range les dauphins dans une catégorie où, jusqu'ici, on ne connaissait que les oiseaux et les humains... |
