Symposium sur les traitements contre
l'Alzheimer
L'Alzheimer dans la mire de la recherche
(ASP) - Alors que les baby boomers prennent
de l'âge, contracter l'Alzheimer devient l'une des
craintes majeures de notre société... et
le mal devient effectivement de plus en plus répandu.
"L'Alzheimer progresse avec le vieillissement
de la population. Cela se voit principalement dans les
pays à forte densité, comme la Chine et
l'Inde. Il y aurait 25 millions de cas dans le monde,
on s'attend à ce qu'en 2031, ce chiffre progresse
à 40 millions", annonçait le Dr Serge Gauthier,
du Centre McGill d'étude sur le vieillissement,
au 8e Symposium international sur
la recherche en traitement de l'Alzheimer.
Une semaine avant le 26e Congrès
national de la Société Alzheimer du Canada,
beaucoup plus pointu, le symposium conjoint Montréal/Springfield
réunissait pendant trois jours les équipes
les plus avant-gardistes du domaine, telle celle du Dr
Larry Sparks, du Sun Health Research Institute, qui venait
présenter les résultats d'un essai thérapeutique.
Bien que cette maladie dégénérative
soit connue depuis 1907, on ignore toujours ce qui la
cause et comment en arrêter la progression.
L'une des pistes suivies par de nombreuses
équipes de recherche est le taux élevé
de cholestérol. "Donner un traitement pour contrôler
le cholestérol diminue de 60% les risques de contracter
la maladie, retarde l'apparition des symptômes et
leur nombre. Sur les deux tiers de nos patients, nous
avons relevé des améliorations cliniques
et chez plus de la moitié, une stabilisation de
l'état", annonce Larry Sparks. Son équipe
a administré des statines (anticholestérolémiants)
à 950 patients de 63 centres hospitaliers d'Amérique
du Nord.
Autre piste majeure: combattre les mécanismes
par lesquels se développe la maladie, comme l'accumulation
de ces "plaques" amyloïdes dans le cerveau. Cette
piste est suivie par l'équipe du Dr Francine Gervais,
vice-présidente recherche et développement
chez Neurochem. En étudiant les plaques du cerveau,
là où les cellules sont endommagées,
les scientifiques ont découvert qu'elles contiennent
la protéine dite bêta-amyloïde, qui
appartient à une substance plus grande, le "précurseur
de la protéine". Chez les malades, la bêta-amyloïde
se sépare de son précurseur, une division
qui semble importante et que pour l'instant, les chercheurs
ne s'expliquent pas.
Une autre protéine du nom de "Tau"
serait également impliquée. "Ces deux types
de dépôts de protéines dérangent
le fonctionnement normal des cellules. Il y aurait même
une compétition entre les deux protéines;
un processus très lent. Notre traitement régule
leur activité, ce qui inhibe beaucoup les symptômes
de la maladie", explique le Dr Ishak. L'équipe
de ce chercheur indien a expérimenté sur
les effets de la galantamine sur des neurones issus d'embryons
de rats.
D'autres regardent plutôt du côté
de la prise d'antioxydants (la vitamine E) ou du taux
élevé d'homocystéine dans le sang.
Mais tous s'accordent sur l'importance du
diagnostic. "Plus la maladie est détectée
tôt, plus on est en mesure d'agir. Cela va permettre
d'élaborer un profil, même en l'absence de
symptômes", soutient Agneta Nordberg de l'Institut
Karolinska de Stockholm.
Le public pense généralement
que tous les symptômes liés à l'Alzheimer
pertes de mémoire, difficulté à
accomplir les tâches quotidiennes, changements d'humeur
et de comportement font partie du vieillissement.
Mais c'est faux: ils forment autant d'indices qui peuvent
nous mettre sur la piste de la maladie.
Le point sur l'Alzheimer
Car l'Alzheimer est bien plus qu'une perte
de mémoire. C'est une maladie dégénérative
provoquant des lésions au cerveau. Les cellules
du cerveau rétrécissent ou disparaissent,
remplacées par des plaques. La maladie affecte
les capacités mentales (confusion et perte de mémoire,
communication), les émotions et l'humeur, le comportement
(répétition, agitation, violence) et même
les habiletés physiques.
Il faut savoir qu'un Canadien sur 20 âgé
de plus de 65 en est atteint; un sur 13 si l'on compte
les affections connexes. L'Alzheimer représente
64% des cas de démence et touche deux fois plus
de femmes que d'hommes. Et tout cela a un coût.
On dépense 5,5 milliards $ au Canada pour les soins
en centres d'hébergement, les médicaments,
les services de soutien communautaire et le temps non
rémunéré des aidants (Ostbye T, Crosse
E. Net economic costs of dementia in Canada. CMAJ
1994).
De la présence de toxines dans l'environnement
au style de vie, les facteurs de risque sont multiples.
Mais comme ils ont du mal à expliquer ce qui cause
la maladie, les chercheurs examinent les antécédents
familiaux. "De plus en plus, l'environnement laisse place
à la génétique. Il y aurait trois
gènes majeurs, que l'on a retracé chez des
centaines de familles, qui pourraient être des agents
de modulation", relève le Dr Judes Poirier, généticien
et directeur du Centre McGill d'étude sur le vieillissement.
Mais mauvaise nouvelle pour ceux qui rêvent
d'une solution rapide, l'hérédité
ne concernerait toutefois que 5 à 10% des cas d'Alzheimer...