L'intermédia-quoi?
(ASP) - "Tintin et le téléphone:
pour une métaphysique du sparadrap". Non,
il ne s'agit pas dun langage codé de spécialistes
célébrant les 75 ans du célèbre
reporter, mais du titre dun séminaire organisé
en janvier dans le cadre des activités du Centre
de recherche sur l'intermédialité (CRI)
de l'Université de Montréal.
Intermédialité? "Le concept
se présente selon trois niveaux d'analyse: les
relations entre divers médias ou des pratiques
artistiques associées à des médiums,
le creuset d'où émergent et s'institutionnalisent
les médias, et le milieu en général
où les médias prennent sens", déclare
André Gaudreault, directeur du CRI, en se référant
à la définition proposée dans le
premier numéro de la revue savante Intermédialités
(lancée en février en collaboration
avec les Presses de l'Université de Montréal).
En termes plus clairs: tout croisement entre
anciens et nouveaux médias intéresse ces
chercheurs, de même que "la contamination des
discours et les changements épistémologiques"
ainsi provoqués, indique le site web du CRI.
Inauguré en 1997, c'est le premier
centre de recherche du genre au Canada. Ses membres proviennent
de huit collèges et universités du Québec,
de la Cinémathèque et de la Phonothèque
québécoises ainsi que de quatre institutions
européennes.
À titre d'exemple de travaux, ces
six heures de séminaire sur Tintin et le téléphone
qui ont attiré une vingtaine d'étudiants
en études françaises, histoire de l'art
et cinéma de l'Université de Montréal.
Le professeur Éric Méchoulan, du département
d'études françaises, a scruté à
la loupe les albums de Tintin pour y recenser les scènes
impliquant des appareils téléphoniques et
des sonneries. Il a ainsi découvert que le téléphone
provoque fréquemment des malentendus entre les
personnages. Les Bijoux de la Castafiore, un album
sur les ruptures de la communication où Hergé
jongle avec les codes du récit, est particulièrement
révélateur.
Dans L'Affaire Tournesol, les personnages
sont aux prises avec un morceau de sparadrap qui leur
colle aux doigts. Pour le professeur Méchoulan,
le sparadrap est rien de moins que métaphysique,
en ce qu'il parvient à "s'élever dans
l'ordre du transcendant".
Les étudiants, attentifs, en redemandaient.
Ils se sont retrouvés en février pour le
séminaire ""Spock to Enterprise": le téléphone
et ses effets dans la culture (littéraire) américaine".