Lectures
Magazines scientifiques en déclin
(ASP) - La lecture des magazines de science
est en déclin depuis 15 ans au Québec, et
c'est la faute aux hommes; les femmes, elles, sont toujours
aussi peu nombreuses à en lire.
Ce n'est là qu'une des nombreuses
données qui se dégagent d'une "analyse différenciée
selon les sexes", analyse portant plus spécifiquement
sur les habitudes de lectures des Québécois.
L'étude, publiée ce printemps par le ministère
de la Culture et des communications, est passée
à peu près inaperçue, en partie parce
qu'elle passe en revue d'autres études dont on
a déjà parlé au fil des ans; mais
elle en fait une lecture "orientée" qui jette un
regard différent sur ce que lisent et ne
lisent pas les Québécois.
Au-delà des lieux communs plus
on est scolarisé, et plus on lit, qu'on soit homme
ou femme des conclusions sans surprise plus
on est riche, et plus on lit et des constats prévisibles
les revues de "foyer-mode-décoration" intéressent
davantage les femmes et les revues de sport, les hommes
certains chiffres étonnent autant qu'ils déçoivent:
- en tout, 42% des hommes détenteurs
d'un diplôme universitaire ne lisent pas de livres,
contre 25% des femmes;
- les femmes au travail n'achètent
pas plus de livres qu'à la fin des années
80;
- et de 1994 à 1999, la catégorie
des "lecteurs assidus" (ceux qui lisent très
souvent) a diminué partout: du côté
des quotidiens (de 76,5 à 71%), des magazines
(de 63 à 56%) et des livres (de 57% à
52%). Internet n'étant pas pris en compte dans
l'étude de 1999, il est impossible de savoir
s'il s'agit vraiment de lecteurs devenus moins "assidus",
ou s'ils sont passés à l'électronique.
Reste que jusqu'à preuve du contraire, ces chiffres
soulignent un retard du Québec par rapport au
Canada.
Quant aux périodiques traitant de
science, ils ont tout lieu de s'inquiéter. De toutes
les catégories de magazines traitées (actualité,
mode-foyer-décoration, sports-loisir, science-technologie,
condensés, humour), c'est la seule à vivre
une baisse aussi nette et aussi régulière,
entre les études de 1989, 1994 et 1999.
Alors que les autres catégories fluctuent
ou restent stables, celle-ci passe, chez les hommes, de
17% en 1989 (ce qui signifie que 17% des hommes interrogés
ont répondu que les magazines de science figuraient
parmi leurs magazines les plus souvent lus) à 15,6%
en 1994 et à 7,7% en 1999. Chez les femmes, c'est
resté stable, à 4%.
Tout aussi inquiétant est le fait
que parmi les hommes détenteurs d'un diplôme
universitaire, 21% mentionnaient les magazines de science
et de technologie en 1989, contre 19% en 1994 et 10% en
1999. Même dégringolade chez la catégorie
des hommes "au travail", où la proportion passe
de 17% en 1989 à 12% puis 8%.
Aucune explication n'est proposée
quant à ce glissement; on pense immédiatement
à l'arrivée d'Internet, qui aurait pu gruger
des lecteurs aux magazines de science, mais le glissement
a commencé des années avant l'arrivée
d'Internet.