Qualité de l'eau
Sus aux coliformes
(ASP) - Voilà l'été
revenu et, avec lui, la vague de gastros: on assiste en
effet à un pic de coliformes dans l'eau de consommation
et de baignade durant les trois mois les plus chauds.
"Ils sont cosmopolites. Et avec le redoux,
l'eau se transforme en un milieu propice à leur
prolifération", soutient Mélanie Bouchard,
étudiante à la maîtrise au Département
de génie civil de l'Université Laval. Pour
son mémoire, qu'elle achève avec les beaux
jours, elle s'est particulièrement intéressée
à la présence de coliformes et à
l'identification des facteurs responsables de leurs variations
dans le temps, dans une source d'eau potable.
Les coliformes sont des micro-organismes
(bactéries et protozoaires) que l'on retrouve dans
la région intestinale des hommes, des animaux à
sang chaud et dans les eaux de surface.
On en dénombre deux classes, les
coliformes totaux et les coliformes fécaux. Les
seconds forment une catégorie bien spécifique
de bactéries existant dans les matières
fécales telle l'E. Coli (Escherichia coli)
et résistantes à une température
élevée. Pour la gastro, il faut regarder
du côté de contaminants microbiens, tel le
protozoaire Giardia et le parasite Cryptosporidium.
"Ce dernier provoque des diarrhées surtout chez
les personnes pourvues d'un faible système immunitaire
et les jeunes enfants. Et il échappe à la
plupart des analyses de routine", affirme Mélanie
Bouchard.
S'armer pour prévenir
Son intérêt pour les coliformes
provient d'abord d'un goût prononcé pour
l'environnement elle possède un bac en microbiologie
mais aussi de son père, conseiller municipal de
Notre-Dame-du-Lac : "j'allie ainsi ma curiosité
pour les affaires municipales et mon intérêt
pour ce qui est susceptible d'affecter l'environnement".
Tout le monde se souvient de l'infection
par la bactérie E. Coli dans les eaux de la petite
ville ontarienne de Walkerton. C'est pourquoi sous la
gouverne de ses professeurs, Manuel Rodriguez et Jean-Baptiste
Sérodes, Mélanie Bouchard a développé
un outil de prédiction de la présence de
coliformes. Utilisant deux bases de données statistiques,
elle a établi différents paramètres
de l'eau et environnementaux (pluviométrie, rayonnement,
etc.). "Je cherchais à établir les variables
propices au développement de coliformes, comme
la turbidité de l'eau ou la température
extérieure. Par exemple, lorsque la pluie tombe
durant 24 heures, cela a une influence".
Le débit de la rivière est
aussi pris en considération. Une des clés
est d'identifier le bassin versant et ses sources de contamination:
zone agricole ou chalets aux fosses septiques non raccordées,
certains milieux sont plus vulnérables. Les eaux
de ruissellement déversent alors les micro-organismes
dans la rivière.
Cet outil, particulièrement adapté
au bassin versant de la rivière Saint-Charles,
près de Québec, permettra à la chaîne
de traitement de l'eau de s'adapter plus rapidement. Ainsi,
en cas d'alerte, les usines de traitement des villes peuvent
procéder à une meilleure chloration ou une
ozonation pour éradiquer ces coliformes. Les petites
municipalités peuvent à leur tour ajouter
du chlore mais surtout émettre des avis d'ébullition
de l'eau.
Couplé à d'autres modèles
développés par d'autres étudiants,
notamment celui de Marie-Line Gilbert de l'Institut de
santé publique sur la prédictibilité
de gastro-entérites, il sera possible de réagir
plus vite. Et d'éviter que la gastro vienne gâcher
l'été !