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Le 15 juillet 2004



Menstruations
La vie en rouge

(ASP) - "Ma tante Sophie est en ville", "c'est le Viet-nam", "être dans ses crottes", "voir rouge", "mon clown saigne du nez"; les expressions désignant les menstruations varient selon l'époque, l'âge ou le sexe. Ce discours reste cependant toujours négatif…

"Le malaise est toujours présent, relève Karine Bertrand. Celui qui parle des menstruations va se détacher du corps, préférant le voir comme un objet que l'on doit traiter", affirme celle qui en a fait le sujet d'un mémoire de maîtrise en psychologie sociale à l'université Laval.

Le rapport aux menstruations est intimement lié au rapport au corps, dont la conception moderne proviendrait du tournant des XVIe et XVIIe siècles. "Cette conception implique que l’homme est coupé du cosmos, coupé des autres et enfin, coupé de lui-même" écrit le sociologue Le Breton, cité par Karine Bertrand qui attribue à cette coupure le profond malaise lié au corps.

La première partie de son mémoire se consacre à l'histoire de la représentation sociale des menstruations, depuis les Grecs jusqu'à nous en passant par la chrétienté. "Cela a beaucoup évolué mais c'est demeuré négatif. La religion a beaucoup rejeté le corps des femmes, objet de reproduction et lieu de souffrances", sanctionne l'étudiante. Pour sa deuxième partie, consacrée à l'aspect contemporain, la jeune femme a interrogé 106 personnes, dont 35 hommes.


Tabous et stéréotypes

Les menstruations font aussi l'objet d'un intérêt militant. Le groupe féministe les Blood Sisters a pour vocation de sensibiliser les femmes à leur santé menstruelle. Il offre par exemple de remplacer les serviettes hygiéniques et autres tampons par un kepeer, un contenant de caoutchouc destiné à recueillir le sang. Lavable, économique et écologique, il entraînerait aussi moins de choc toxique à celle qui le porte.

De son côté, Karine Bertrand a activement milité au sein du groupe de Québec, Les Fallopes. Cet organisme faisait, entre autres choses, la promotion des serviettes de coton lavables et offrait de la formation pour en confectionner soi-même.

Si de nombreux répondants utilisent encore la formule vieillotte "avoir ses règles", bien moins se réfèrent réellement aux menstruations (seulement 17% disent "être menstruée"). "L'utilisation d'une expression a un impact sur notre manière de concevoir les menstruations, et à travers elles, le corps de la femme", relève l'étudiante.

Étrangement, de nombreuses citations réfèrent à des noms, à des visiteurs –mon oncle Georges, ma tante Sophie, etc.– une manière d'en parler sans en toucher mot. Chez les jeunes, c'est plutôt l'expression "être patchée" qui est employée. "Cela ne réfère à rien. C'est plus utilitaire : tu es malade, tu mets un plaster", tranche Karine Bertrand. Les hommes font plutôt référence à la guerre, utilisant des expressions plus masculines et de combats –"les Anglais débarquent"– tandis que les femmes évoquent plus la souffrance, la douleur et leur propre vécu.

De fait, quand on demande à ces dernières d'énumérer cinq sentiments, comportements ou symptômes associés aux menstruations, ce qui domine, c'est l'irritabilité, la mauvaise humeur, le mal de ventre, la douleur, la fatigue, etc. Bien loin des images emplies de blancheur, de pureté et d'énergie véhiculées par les médias ou la publicité. "Les spots véhiculent des stéréotypes et des préjugés –tu te mets une serviette hygiénique et tout d'un coup, tu es en forme, bien dans ton corps et surtout enrobée de fraîcheur. Lors de menstruation, la femme n'est ni propre ni en forme. Cette pression sociale culpabilise et renforce le malaise". Une manière de parler du corps en le noyant dans une tornade blanche de propreté !

 

Isabelle Burgun

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