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Le 2 août 2005



La psychiatrie à l'oeil nu

(Agence Science-Presse) - Si les yeux sont le miroir de l'âme, pour le Dr Marc Hébert, ils sont plutôt le miroir du cerveau. Voire de la maladie mentale. Depuis quelques mois, le chercheur a entrepris l’étude de la rétine d’un groupe de patients souffrant de Troubles affectifs saisonniers (TAS) — le fameux " Winter Blues ".

Son objectif : cerner, dans l’œil des patients, des marqueurs liés aux TAS. Quel type de marqueurs? Ceux liés notamment au déséquilibre chimique de neurotransmetteurs (sérotonine, dopamine), l’un des facteurs présumés de nombreuses maladies mentales.

La recherche se déroule dans le nouveau Laboratoire de photobiologie (étude des effets de la lumière sur le vivant) récemment mis sur pied par le Dr Hébert au Centre de recherche psychiatrique Université Laval-Robert Giffard de Québec (CRULRG).


L’œil : un prolongement du cerveau

" Du point de vue de l'embryologie, l'oeil est partie du cerveau. En fait, le nerf optique est un long faisceau de neurones qui relient nos yeux au cerveau ", explique le Dr Hébert, lui-même spécialisé dans l’un et dans l’autre organe. De là l’idée que les débalancements neurochimiques, dans le cerveau de certaines personnes souffrant de maladies mentales, pourraient aussi être mesurables… dans leurs yeux ! " Et l’oeil est beaucoup moins complexe à investiguer qu’un cerveau ", poursuit le spécialiste.

Il existe une technique relativement récente, maîtrisée encore par très peu de personnes — une dizaine tout au plus au Canada, dont le Dr Hébert : l’électophysiologie de la rétine, appelée aussi électrorétinographie (ERG). Au cours des dernières années, grâce à l’ERG, on a pu mesurer quelque chose d’assez déroutant, chez des dépressifs saisonniers de Montréal et de Vancouver : une baisse de sensibilité de la rétine à la lumière. " On a trouvé ça étrange, dit Marc Hébert. Pourquoi n’était-ce pas le contraire ? Pourquoi l’œil ne compensait-il pas le manque de lumière en devenant plus sensible ? On a alors posé l’hypothèse que cette perte saisonnière de sensibilité à la lumière, bien que sans conséquences pour la vision du patient, pouvait être le résultat d’un débalancement chimique au cerveau. "

C’est ce qu’on s’affaire à vérifier au Laboratoire de photobiologie du CRULRG. Au cours de la dernière année, 17 patients souffrant de TAS ont été recrutés. Les chercheurs ont tenté de voir si les traitements par luminothérapie qu’on leur administre peuvent être corrélés avec un rétablissement de la sensibilité de l’œil à la lumière. " À la lumière de résultats préliminaires que nous présenterons bientôt aux Pays-Bas, il semble bien que oui ", indique Marc Hébert. " Le fait de tenir un véritable marqueur des effets de la luminothérapie est déjà en soi quelque chose d’immensément important. Car même si la luminothérapie fonctionne pour le traitement des TAS dans 70 % des cas — le même taux d’ailleurs que les antidépresseurs", on n’a jamais su pourquoi. 

De là, le chercheur aimerait également élucider –toujours en scrutant l’œil– quel neurotransmetteur semble le plus influencé lors du changement de saison et durant la luminothérapie. Dopamine ? Sérotonine ? " Le sachant, on pourrait alors proposer aux patients des médicaments plus adaptés à leur condition. " Les marqueurs oculaires sont enfin recherchés du côté d’une maladie mentale encore plus lourde : la schizophrénie.


Multidisciplinarité 

Ces rapprochements montrent à quel point naissent des hypothèses fécondes, lorsque se mêlent dans un même homme des spécialités aussi diverses. Effectivement, chose rarissime, Marc Hébert est à la fois docteur en neurosciences et chercheur en ophtalmologie clinique. Cela se traduit chez lui par une double spécialité : l’une en chronobiologie (il s’intéresse aussi à l’horloge biologique2 des travailleurs de nuit) et l’autre en électrophysiologie visuelle. Cela explique aussi ce faisceau d’intérêts si particulier : " De fait, résume-t-il, mes intérêts de recherche ont toujours été liés à l’axe lumière-œil-cerveau ".

Croit-il que le domaine sera " porteur " d’avancées importantes au cours du siècle qui, comme sa carrière, s’amorce ? " Je ne serais pas surpris que l’on puisse un jour traiter différentes pathologies en jouant de la lumière sur des cibles du corps humain". À l’écouter, l’utilisation des photons à des fins biologiques ne fait peut-être que commencer.

Luc Dupont

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