Traquer le diabète
(ASP) - Il y a 700 000 diabétiques
au Québec, dont 200 000 qui l'ignorent. Pour mieux
les soigner et les dépister, lAssociation
canadienne de diabète a adopté des lignes
directrices plus strictes en 2003, qui suscitent l'optimisme
chez les soignants.
La Dr Céline Huot, endocrinologue
à lhôpital Ste-Justine et l'une des
organisatrices du congrès de Diabète Québec,
tenu à Québec les 19-20 novembre, adhère
à ce resserrement des règles : " on
considère quune intervention précoce,
plus stricte, est nécessaire. "
Le diabète, septième maladie
en importance dans le monde, cause une réduction
de lespérance de vie de 15 ans. On nhésite
plus à parler dépidémie: le
nombre de gens atteints triplera dans les 15 prochaines
années. " Chaque diabétique est
considéré comme une bombe à retardement ",
selon le Dr Huot: jusquà 80% des diabétiques
mourront dune maladie cardiovasculaire.
C'est que pour un même taux de cholestérol
dans le sang, les diabétiques développent
plus de maladies cardiovasculaires. La Dr Huot les appelle
même des " cardio-vasculo-diabétiques ".
Cest ce qua présenté le Dr Émile
Lévy lors de sa conférence appelée
Les lipides de Damoclès. " Le
processus darthérosclérose est commencé
bien avant la déclaration du diabète ".
Chez les personnes résistantes à linsuline,
des petits amas de graisses (chylomicrons) censés
alimenter les cellules du corps, sont particulièrement
petits et denses. Ils pénétrent donc les
artères et causent larthérosclérose,
une prédisposition majeure aux maladies du cur.
Par contre, il ajoute une note despoir : " chaque
fois que vous empêchez laccumulation dun
kilo, vous diminuez le risque de maladies cardiovasculaires
de 1,5%. "
Dans les nouvelles lignes directrices, les
critères pour le diagnostic sont abaissés.
Entre autres, on regardera létat du patient
aussi bien avant quaprès la prise de sucre.
Lâge du dépistage systématique
baisse de 5 ans pour sétablir à 40
ans, ou plus tôt encore sil y a des facteurs
de risque. Et le suivi des diabétiques sera plus
détaillé, avec lajout de certains
tests, et plus fréquent. Des efforts payants, selon
Dr Huot : " lefficacité de
la prévention du diabète a été
prouvée par plusieurs études chez des gens
qui ont des prédispositons. "
Plus de tests, plus de visites, plus de
patients dépistés... Tous ces ajouts auront
assurément des effets sur les patients, les professionnels
de la santé et le système de santé.
Cette maladie coûte déjà près
de 2 milliards de dollars en frais directs et indirects
au Québec seulement.
Mélanie Robitaille