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Le Viagra a des effets électro-physiologiques
sur des coeurs d'animaux
"Il est important de poursuivre les
recherches au niveau humain"
(ASP) - Un cardiologue de l'Institut de cardiologie de Montréal,
le Dr Denis Burelle, juge "assez sérieux" les
résultats d'une étude québécoise
sur le Viagra, publiée il y a quelques semaines, pour
que l'on doive poursuivre les recherches au niveau humain.
A la demande de l'Agence Science-Presse, le Dr Burelle réagissait
ainsi aux résultats d'une recherche, menée récemment
par des scientifiques de Montréal et de l'Université
Laval, qui montrait que l'administration de fortes doses de Viagra,
sur 10 coeurs de cochons d'Inde, avait pour conséquence
d'en perturber les mécanismes électriques. Elément
fort intéressant car "c'est la première fois,
depuis sa mise en marché en 1998, qu'une recherche montre
que le Viagra (utilisé pour traiter les dysfonctions sexuelles)
peut avoir des effets électro-physiologiques sur le coeur",
souligne le médecin.
Parue initialement dans la revue américaine Circulation,
et rapportée ensuite par le quotidien La Presse,
l'étude a aussitôt fait l'objet, à la fin
de septembre, d'une réfutation catégorique de la
part de la société Pfizer, le fabricant du médicament;
Pfizer jugeant ces résultats non-pertinents, à
cause notamment du caractère pré-clinique de l'étude
(seuls des animaux ont été testés) et des
doses massives utilisées (300 fois la concentration maximale
permise du médicament).
Qu'en pense un cardiologue?
Le Dr Burelle connait bien le Viagra, qu'il prescrit "une
vingtaine de fois par année" à des patients
souffrant d'impuissance. Loin d'en disqualifier les résultats,
il juge, après lecture de l'étude, que celle-ci
"est assez sérieuse, et ces auteurs, crédibles,
pour que des recherches cliniques (c'est-à-dire qui portent
sur des sujets humains) soient entreprises afin de voir si oui
ou non, le médicament aurait des effets non décelés
(lors d'études antérieures) sur le coeur humain".
La chose est d'autant plus intéressante qu'elle pourrait
fournir une piste pour expliquer les dizaines de décès
soudains -et sans causes connues- survenus depuis deux ans, chez
les utilisateurs de Viagra.
Selon le Dr Burelle, un médicament, même dument
approuvé par les autorités gouvernementales, peut
être remis en cause des années après sa mise
en marché. "Il y a quelques mois seulement, on a
complètement retiré le prepulcid, un médicament
utilisé contre les reflux d'acide dans l'estomac, après
que des études subséquentes (à sa mise en
marché) eurent démontrées qu'il induisait
des perturbations cardiaques graves, lorsque administré
en même temps que certains autres médicaments."
Ceci dit, le Dr Burelle ne prêche pas pour autant un
retrait du Viagra. "On a affaire ici à une recherche
fondamentale sur des animaux; rien n'est encore démontré
chez les humains. Mais à mon sens, des recherches cliniques
seraient tout indiquées pour aller au bout de cette piste,
car qui nous dit qu'on ne documentera pas mieux ces effets électro-physiologiques
dans 5, 6 ou 7 ans?"
D'autres contre-indications?
Incidemment, l'étude des chercheurs québécois
met aussi en cause d'autres médicaments -antidépresseurs,
antihistaminiques- qui, pris en même temps que le Viagra,
peuvent augmenter sa concentration dans le sang. "Dans le
cas d'addition de médicaments, il peut arriver que l'organime
ne réussisse plus à éliminer, dans un temps
suffisant, la présence de certains d'entre eux (par exemple
le Viagra), ce qui peut mener aux surdoses responsables des perturbations
cardiaques, telles qu'observées dans la recherche dont
on parle, note le Dr Burelle. Peut-être y
a-t-il là matière à de nouvelles contre-indications."
A ce jour, le Viagra ne fait l'objet que d'une seule contre-indication:
il est interdit à certains malades du coeur -spécifiquement
ceux qui prennent des pilules de nitroglycérine (les "petites
pilules sous la langue") car l'addition Viagra + nitro induit
une baisse de pression, susceptible d'engendrer des troubles
cardiaques graves.
Luc
Dupont
(4 décembre)
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