L'actualité de cette semaine fait amplement mention du phénomène de la malbouffe dans les écoles, ce qui peut entraîner de nombreux effets négatifs sur la santé des étudiants. Est-ce seulement nos habitudes d'alimentation qui sont en cause ? Et si la génétique y jouait aussi un rôle…

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Tel que mentionné dans le blogue de la semaine dernière, la génétique et l'environnement entretiennent des relations complexes. Dans le cas de certaines maladies humaines appelées monogéniques, l'environnement ne semble jouer qu'un très faible rôle dans leur apparition. Au contraire, ces maladies telles que la fibrose kystique ou l'hémophilie sont associées à certains formes de gènes spécifiques ayant subi une mutation délétère, c'est-à-dire négative. Pour d'autres types de maladies, la relation est souvent beaucoup plus ambiguë. La génétique et l'environnement peuvent interagir ensemble et s'entremêlent bien souvent dans l'apparition de maladies dites complexes.

 

La génomique, dont le Projet Génome Humain a favorisé le développement rapide au cours des dernières années, permet d'étudier les fonctions et les interactions de l'ensemble des gènes d'un génome. Les études en génomique ont démontré que bien souvent les interactions entre les gènes sont complexes et que l'environnement y joue un rôle important. C'est le cas des maladies appelées polygéniques ou complexes. Ces maladies sont associées non pas à un seul gène mais bien à l'interaction de plusieurs gènes et de facteurs environnementaux entre eux. Le cancer, le diabète, l'obésité et l'hypertension en sont des exemples.

 

Le défi de ces maladies relève de leur complexité. L'apparition d'une maladie complexe est souvent difficile à prédire chez un individu. Il existe des tests identifiant des marqueurs génétiques associées à des maladies complexes, comme c'est le cas pour le cancer du sein ou l'Alzheimer. Par ailleurs, au lieu d'un diagnostic clair (confirmation de la maladie ou non), on évalue le risque de développement d'une maladie. C'est un diagnostic de susceptibilité. Même avec un marqueur génétique pour une maladie complexe, un individu peut ne pas développer cette maladie et vice-versa. L'environnement joue donc un rôle dans l'apparition des maladies complexes.

Qu'est-ce que l'environnement, comment pénètre-t-il dans le corps et interagit-il avec les gènes? C'est une difficile question et plusieurs recherches sont en cours pour tenter d'y répondre. L'environnement est ici pris au sens large du terme. Il représente autant le milieu physique qui nous entoure, que nos habitudes de vie et le domaine social. Au niveau du milieu physique, les cancers de la peau peuvent être provoqués par une longue exposition au soleil. L'alimentation, le sommeil et d'autres habitudes de vie peuvent influencer l'apparition de maladies complexes (diabète et obésité par exemple) de même que le stress. Le stress, par le moyen d'une hormone, le cortisol, peut engendrer le développement de maladies complexes ou augmenter les symptômes de ces maladies par une cascade d'événements biologiques impliquant certains gènes de l'immunité. Par exemple, les poussées de sclérose en plaques sont exacerbées par le stress de l'individu atteint. Il en est de même pour l'obésité. Le stress peut même engendrer un impact négatif sur l'ADN en jouant un rôle dans le vieillissement prématuré des cellules (Proceedings of the National Academy of Sciences USA, 2004).

 

La relation entre l'environnement et la génétique pose plusieurs questions. Quelle place accorder à l'environnement dans notre lutte contre la maladie? Quoi faire et comment interpréter un test de prédisposition génétique (diagnostic de susceptibilité) qui exprime un risque de développement d'une maladie complexe? L'être humain ne représente-t-il que la somme de ses gènes? Un patient a-t-il le droit de savoir ou de ne pas savoir les résultats de tests de susceptibilité? Vivons-nous avec une épée de Damoclès moitié génétique, moitié environnement au-dessus de nos têtes? Pouvons-nous et devons-nous prédire notre condition physique future? Sommes-nous responsables de notre santé malgré l'existence une prédisposition génétique à une maladie complexe?

 

Citoyennes et citoyens, la parole est à vous!

Au plaisir de vous lire.

 

Marianne Dion-Labrie

Hubert Doucet

Isabelle Ganache

Céline Durand

Groupe de recherche en bioéthique de l'Université de Montréal

 

 

 

 

 

 

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