Il y a un an, le tremblement de terre de Sumatra et le tsunami qui a suivi faisaient plus de 250000 victimes. Ce désastre a probablement été la catastrophe naturelle la plus médiatisée des temps modernes. Par le nombre de victimes, elle se classe parmi les plus meurtrières de l'histoire. En 1556, le tremblement de terre de Shansi en Chine a causé la mort de 850000 personnes. Encore en Chine, on estime à 650000 le nombre de victimes du tremblement de terre de Tangshan qui a eu lieu en 1976, il y a presque 30 ans. A l'époque, on en avait à peine parlé, peut-être parce que les autorités chinoises avaient tout fait pour cacher l'ampleur du désastre.

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L'attention médiatique a permis de poser un certain nombre de questions sur la mitigation de telles catastrophes. Même si on est très loin  de pouvoir faire des prévisions précises des tremblements de terre, on peut en estimer les risques. Il semble bien que par insuffisance d'études, on avait sous-estimé le risque d'un méga tremblement de terre dans cette région. Immédiatement après le séisme, le risque d'un tsunami n'a pas été correctement évalué et l'alerte n'a pas été donnée. Pourquoi ?   Les ondes sismiques produites par le tremblement de terre se propagent à une vitesse 8-10 km par seconde. Une demi-heure après le tremblement de terre, les premières ondes avaient été enregistrées et analysées par tous les observatoires, et la magnitude du tremblement de terre avait été calculée. Dans le cas du séisme de Sumatra, la magnitude avait été sous-estimée. Le tremblement de terre est provoqué par le déplacement soudain d'une faille. L'analyse détaillée a montré qu'un segment de 1200km de la faille s'est déplacé de 10m. Cette rupture s'est propagée le long de la faille (un peu comme si l'on déchirait une feuille de papier)  et trois segments distincts ont cédé l'un après l'autre (un effet de dominos). L'énergie totale ainsi libérée  était énorme, mais l'amplitude des ondes sismiques un peu moindre que si la faille avait cédé d'un seul coup. D'où l'erreur sur l'estimation de l'amplitude du tremblement de terre de Sumatra et la sous estimation du risque de tsunami. Dans l'océan Indien, il n'y avait aucune autre prévention.

 

En pleine mer, le tsunami est une onde qui se propage a la vitesse de 800km /heure, beaucoup plus lentement que les ondes sismiques, et si l'alerte avait été donnée a temps, on aurait dispose de deux ou trois heures pour une évacuation des cotes exposées de l'océan  indien. Cela aurait permis de sauver de nombreuses vies. En mer profonde, la hauteur de la vague est de l'ordre d'un mètre et sa longueur d'onde (la distance entre deux crêtes de la vague) est de plusieurs centaines de km. Au fond de l'océan Pacifique des baromètres ultra sensibles ont été disposés pour détecter le passage d'une telle onde. Il faut identifier les variations très faibles de la pression au milieu d'autres variations, par exemple dues au passage de la marée, ou même de la pression atmosphérique lors de grosses tempêtes tropicales. Le réseau du Pacifique a surtout pour but d'avertir les zones côtières de Californie et du Japon d'un risque de tsunami lorsqu'un tremblement de terre se produit le long de la cote du Pérou ou de l'Alaska. Apres les enregistrements sismiques, ces baromètres forment donc la deuxième ligne d'alerte aux tsunamis. Malheureusement, un tel système n'existait pas dans l'océan Indien. En partie parce que le risque était sous-estime, mais surtout parce que les pays qui bordent l'océan Indien n'avaient pas les moyens économiques de le mettre en place.  

 

Au début du mois de Novembre, le vaisseau océanographique allemand R.V. « Sunne » a appareillé de  Bremerhaven à destination  de Sumatra. Il installera les premiers instruments du réseau destiné à protéger l'océan indien. Les populations exposées ne seront  jamais entièrement a l'abri mais on peut espérer qu'elles seront prévenues a temps si une telle catastrophe devait se reproduire.

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