L'année 2006 nous permettra-t-il de confirmer l'existence de gènes liés au militantisme politique?

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C'est ce que la déclaration de l'actuel Premier ministre du Canada, M. Paul Martin, semble laisser croire. Lors d'une entrevue, il a en effet affirmé aux médias que le fédéralisme était inscrit dans son ADN.

 

La notion de déterminisme génétique occupe de plus en plus de place dans notre société. Une publicité mentionne même que les possibilités d'atteindre des vitesses de pointe avec une certaine voiture proviennent de son ADN.

 

Le déterminisme génétique se veut un postulat selon lequel l'être humain représente uniquement la somme de ses gènes. Sa vie et ses comportements sont prédéterminés par ses gènes sans aucune influence d'autres facteurs tel que l'environnement ou le milieu social.

 

Bien que cette thèse soit extrême et décriée par de nombreux organismes internationaux dont le Comité international de bioéthique de l'UNESCO dans sa Déclaration universelle sur le génome humaine et les droits de l'homme, plusieurs chercheurs croient que les découvertes en génomique pourraient permettre d'expliquer différents comportements sociaux propres à l'être humain.

 

Que l'on pense seulement à l'identification du gène de l'endurance physique (Nature, 1998), à l'existence d'un possible gène de l'alcoolisme (Journal of Neurosciences cité dans Futura Sciences, juin 2004), au gène de l'émotion forte qui provoque des exploits invraisemblables chez certains casse-cou et aux nombreuses recherches internationales qui se poursuivent actuellement dans ce domaine (l'existence du gène du divorce n'a pas encore été prouvée !).

 

Plus près de nous, chez nos voisins américains, le chercheur Dean Hamer dit avoir découvert le gène de Dieu, associé à notre capacité de croire ou non (Nouvel observateur, 7 janvier 2005). Quelle nouvelle ! C'est ce même chercheur qui a antérieurement découvert le gène de l'homosexualité il y a quelques années, découverte qui s'est avérée erronée et non-fondée. De plus, il existe également toute une bataille sur l'existence des gènes de l'intelligence ou non.

 

Dans tous ces écrits, ces commentaires véhiculés par les médias ou ces recherches scientifiques, on remarque une réelle volonté, un besoin, d'expliquer l'ensemble des comportements sociaux de l'être humain par la génétique, par une théorie scientifique solide. Et pourtant, le développement de la génomique a prouvé l'existence d'interactions multiples et complexes entre les gènes et l'environnement comme mentionné dans un des précédents blogue. Ce phénomène pose bien évidemment de nombreuses questions.

 

Tout peut-il être expliqué par les gènes ? L'être humain n'est-il que la somme de ses gènes ? Sommes-nous devenus un « tout  génétique » ? Que devons-nous penser de la découverte de gènes de plus en plus liés au domaine social ? Quelles conceptions de la liberté et de la responsabilité mettons-nous de l'avant si nous accordons foi à la thèse du déterminisme génétique?

 

Citoyennes et citoyens exprimez-vous!

Au plaisir de vous lire!

 

Marianne Dion-Labrie

Hubert Doucet

Isabelle Ganache

Céline Durand

Groupe de recherche en bioéthique de l'Université de Montréal

 

 

 

 

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