Le 15 novembre dernier, une petite bombe a explosé dans la communauté astronomique internationale : la Grande-Bretagne s’apprêterait à quitter le projet Gemini.

À l’heure actuelle, les Britanniques participent à hauteur de 23,8% au projet Gemini. Le retrait britannique aurait des conséquences sévères sur le projet. Derrière, cette décision il y a tout d'abord une réduction des budgets liés aux sciences fondamentales en Grande-Bretagne de 80 M£ (165 M$Can). Selon le président de la Royal Astronomical Society, Michael Rowan-Robinson, les fonds destinés à l’astrophysique seraient diminués de 25%. Pour tous ceux familiers avec la recherche universitaire, de telles coupures ne peuvent avoir que des conséquences catastrophiques pour les chercheurs.

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J’ai demandé à Jean-René Roy, quelles seraient les conséquences d’un tel retrait : « Pour le moment nous n'avons pas de notification officielle de retrait. Un retrait avant la fin de l'Accord de Gemini (en 2012) pose des conditions draconiennes: la Grande-Bretagne perdrait son investissement initial et des instruments déjà construits ou en construction, aurait a payer deux ans d'opérations sans avoir de temps de télescope, et perdrait de multiples privilèges. ». Jusqu’ici la Grande-Bretagne a investi 35 M£ (72 M$Can) dans le projet et dépense 4 M£ (8 M$Can) par an pour le fonctionnement du télescope.

Pour les astronomes anglais, c’est surtout la perte d’un télescope dans l’hémisphère nord qui sera le plus sévèrement ressenti. En effet, la Grande-Bretagne est membre de l’ESO depuis le 1er juillet 2002. Les astronomes britanniques ont donc accès aux quatre télescopes de 8 m du VLT. Par contre, dans l’hémisphère nord, ils n’ont que Gemini.

Malgré les protestations, il semble qu’il n’y ait pas que des partisans de Gemini chez les Britanniques. En effet, selon des sources généralement bien informées, plusieurs astronomes britanniques sont frustrés du système d’observation en queue de l’observatoire. Il semble que ce sont les programmes de catégorie B, qui causent le plus de frustration. C’est dernier étant de priorité plus basse, ils ne seraient pas toujours traités avec la rigueur nécessaire. De sorte que les observations obtenues ne sont pas toujours à la hauteur des attentes. Cela se traduit par des facteurs de pression sur le temps d’observation qui ne sont pas très élevés pour un 8 m (~3 pour G-N et 1.5 pour G-S).

Dans ces conditions, il n’est pas surprenant que l’on soit tenté de couper dans le gras, même si tout ce qui reste c’est de la viande maigre. Plus inquiétant encore, comme Gemini ne représente que 4M£ sur 80 M£ de déficit, d’autres coupures seront à faire et elles feront très mal.

Mise à jour: 12 décembre

La revue New Scientist vient de puliser un article sur le sujet. Il semble qu'au départ c'est un dépassement de coût sur le projet de source de rayonnement synchrotron Diamond qui soit la cause du problème. Ceci dit le projet en question dément sa responsabilité. Ce qui est certains c'est que les coupes vont faire très mal .

En plus de Gemini, les télescopes du groupe Isaac Newton vont passer sous le couperet ainsi que la participation anglaise à l'International Linear Colider. Les budgets du télescope infrarouge UKIRT à Hawaii, de l'interféromètre radio Merlin, du télescope robotisé Liverpool et de l'observatoire virtuel Astrogrid vont être revus!

Si ce scénario se concrétise, les astronomes anglais n'auront pratiquement plus accès à des télescopes de l'hémisphère Nord. Et comme beaucoup de recherche se fait en collaboration internationale, les chercheurs en dehors de la Grande-Bretagne vont aussi être touchés par ces coupures.

Je me souvient du début des années 90, on avait passé dans le tordeur au Canada. Le Canada avait réduit sa participation au projet Gemini de 25% à 15% et avait même interdit aux astrophysiciens de faire des présentations publiques sur le projet.

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