Imitant Phil Plait, rédacteur du site Bad Astronomy, je vais me lancer dans la critique scientifique de film. C’est le film les Dernier Rayons du Soleil qui fera l’objet de ma critique. Pour ceux qui n’auraient pas vu le film, je tiens à vous avertir qu’il y a beaucoup d’information sur le scénario ce qui pourrait gâcher votre plaisir.

La prémisse du film est que le Soleil a absorbé une Q-ball, une sorte de matière exotique prédite par certaines théories physiques, qui provoque sont extinction rapide. Ce scénario n’est pas très plausible, car le Soleil est maintenu en place par la pression qui elle-même dépend de la température du cœur du Soleil. Si les réactions nucléaires venaient à s’arrêter, le Soleil se contracterait ce qui libérerait de la chaleur. Comme le Soleil possède une énorme masse, ce temps de contraction est très long : 30 millions d’années. La diminution de la luminosité du Soleil serait imperceptible avant des milliers d’années. Passons rapidement sur ce détail, car je considère que cela fait partie de la licence artistique de l’auteur. Il y a cependant, beaucoup d’autres points qui agace sérieusement l’astrophysicien en moi.

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Tout d'abord, l’image du Soleil qui est omniprésente dans le film. Cette image est basée sur les images prises par le satellite SOHO. On a cependant négligé un petit point : les images de SOHO sont prises dans l’UV. L’image du Soleil dans le visible est beaucoup moins dramatique. On peut toujours supposer que le Soleil n’est pas dans son état normal, mais ce n’est pas très plausible.

Et puis, il y a le vaisseau spatial. Une grande tige avec la bombe géante à l’avant protégée par un bouclier thermique. Derrière la bombe, il y a un deuxième bouclier thermique plus petit, les quartiers d’habitation et les serres. D’après les commentaires des acteurs et les dimensions relatives des astronautes lors d’une sortie dans l’espace, le vaisseau devrait avoir 2 à 4 km de diamètre pour une dizaine de kilomètres de long ! La bombe elle-même est censée avoir la masse de l’île de Manhattan ! Dans un vaisseau aussi extraordinaire, il n’est pas étonnant d’avoir de la gravité artificielle et des serres pour produire la nourriture et de l’oxygène pour un équipage de 8 personnes !

C’est à partir de là que les choses se gâtent. Le réalisateur montre qu’il ne comprend absolument rien à la mécanique céleste. Par exemple, la description le vaisseau spatial utilise l’effet de fronde de Mercure pour se rapprocher du Soleil. Ce serait une très bonne idée, si le vaisseau n’était pas entré en orbite autour de Mercure, ce qui est confirmé par le dialogue et les schémas orbitaux que l’on dans le film.

Aussi, le physicien de bords, qui est le héros du film, dit qu’il ne peut assurer le fonctionnement de la bombe à coup sûr, car la force de gravité devient tellement grande près du Soleil que les effets relativistes rendent toute prédiction impossible. Or, les effets relativistes près du Soleil sont minimes et il faut travailler très fort pour les détecter.

De même pour rejoindre, l’épave du premier vaisseau disparu 7 ans plus tôt, on change la trajectoire du vaisseau spatial. Le navigateur fait tous les calculs à la main, car il ne fait pas confiance à l’ordinateur (je dois avouer que je respecte cette attitude), mais oublie de réaligner le boucler thermique de 1,1º ce qui provoque des bris dans certaines pièces du bouclier. Honnêtement, je ne vois aucune justification technique pour la chose, car la charge thermique ne devrait augmenter que deux pour cent dans le pire des cas. Le bris est un prétexte pour une sortie dans l’espace qui provoque la mort du capitaine, car ce dernier se retrouve exposé directement au rayonnement solaire et par conséquent incinéré en une fraction de seconde. Comme le capitaine portait une combinaison métallique épaisse et hautement réfléchissante, cela n’est guère plausible.

Cette mésaventure n’est que la prémisse d’une série de catastrophes tout aussi rocambolesque. Par exemple, un incendie débute dans les serres hydroponiques suite à une réflexion du Soleil sur une des antennes de télécommunications. Pour éteindre l’incendie, le commandant en second libère toutes les réserves d’oxygène du vaisseau dans les serres! De un, pour éteindre un feu dans l’espace, il suffit d’ouvrir une valve communiquant sur le vide. Sans oxygène le feu s’éteint de lui-même. Deuxièmement, étant donné les très vastes réserves d’oxygène en stock (un peu avant cet événement les réserves d’oxygène étaient estimées comme suffisantes pour faire tout le voyage jusqu’au Soleil plus la moitié du trajet de retour, soit quelques années), cela impose nécessairement l’existence de grandes réserves de nourriture à bords. Car rien ne se perd et rien ne se créé! Troisièmement, il semble que les concepteurs du vaisseau n’ont jamais entendu parler de la mission Apollo 13 et ont regroupé toutes les réserves d’oxygène à la même place. Sans compter que le vaisseau est tellement immense que l’équipage pourrait probablement tenir des semaines juste sur la réserve d’air contenue dans l’espace vide aménagé dans la bombe.

Maintenant l’équipage n’a plus le choix, il doit aller sur le premier vaisseau pour chercher de l’oxygène. On s’arrime donc à l’autre vaisseau. Malheureusement, suite à un sabotage le collier d’amarrage est détruit. Comme il n’y a qu’une seule combinaison spatiale, deux des membres d’équipage devront tenter une sortie dans l’espace sans scaphandre alors qu’un troisième se sacrifiera pour déclencher l’ouverture de la porte. Je tiens à préciser que l’on a vu ici une des scènes les plus rocambolesques du film. En effet, il semble que pour les scénaristes la plus grande menace dans cette situation provient non pas du vide de l’espace, mais du froid interstellaire. Pour s’en prémunir les astronautes s’emballent dans du mylar, ce qui en soi n’est pas une mauvaise idée. Cependant, les astronautes ne sont dans le vide que quelques secondes et il passe d’un endroit chaud à un autre endroit chaud. Dans le vide, le refroidissement ne peut se faire que par radiation et évaporation. Comme ce sont des processus peu efficaces, les astronautes ne risquent pas de se transformer en bloc de glace instantanément! Le vrai danger du vide c’est la perte de conscience suite au manque d’oxygène en moins de 10 s. Dans la mesure où l’exposition au vide dure moins de 1 minute, les dommages ne sont pas trop importants et on peut réanimer la victime. Autre point à ne pas négliger, il ne faut surtout par retenir son souffle, car cela provoquerait automatiquement une embolie pulmonaire.

S’en suit une autre série de péripéties toutes aussi ridicules. Finalement, la bombe est large et redémarre le Soleil! Sur Terre, on remarque que la luminosité du Soleil augmente d’un facteur 2 et cette augmentation de la quantité de lumière se propage lentement à travers le paysage! Une scène finale qui vient conclure brillamment ce film!

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