Ainsi, on aime présenter l'internet comme la grande révolution des télécommunications. Pourtant, la naissance des télécommunications modernes remonte à plus de 200 ans, à mars 1792, pour être plus précis. Au beau milieu de la Révolution française, Claude Chappe présenta alors son télégraphe optique, qui permettait de communiquer rapidement à de grandes distances par l'intermédiaire de tours de communication placées à des intervalles de 7 à 20 km. Ces tours portaient à leur sommet des bras en bois qui adoptaient différentes positions afin de transmettre les messages. Le gouvernement français adopta le nouveau système avec enthousiasme et une première ligne fut inaugurée entre Lille et Paris en août 1793.
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La technologique optique de Chappe survécut une cinquantaine d'années, beaucoup plus longtemps que le microsillon ou les cassettes à ruban. Elle fut finalement remplacée par le télégraphe électrique, inventé par l'Américain Samuel Morse, en 1837. Voilà qu'il était maintenant possible d'utiliser une machine simple sans le besoin de recourir à de multiples postes de retransmission à l'aide d'un simple fil reliant les deux utilisateurs.
L'idée de base du télégraphe, le transport de signaux électriques, resta au coeur des télécommunications jusque dans les années 1980. On vit bien quelques améliorations, dont le téléphone, mais le principe ne changea pas. En parallèle, dès la fin du XIXe siècle, de nouvelles technologies émergèrent basées sur la propagation des ondes électromagnétiques. C'est le principe de la radio, de la télévision et des téléphones-radio.
Cent trente ans après Morse, dans les années 1980, la technologie fit un retour vers le numérique. Alors que Morse utilisait un signe long et un court pour représenter l'information, l'industrie préféra le 0 et le 1, ouvert ou fermé. Une première boucle était bouclée.
La deuxième boucle se ferma au début des années 1990, avec l'utilisation à grande échelle de la fibre optique pour la transmission d'informations de grand débit sur des distances importantes. De nouveau, l'information circule grâce à des signaux lumineux. Le retour à l'optique n'est pas encore complet, toutefois. Au cours des 150 dernières années, nous avons appris à manipuler les électrons avec une grande dextérité. Puisqu'ils sont chargés, on peut facilement leur faire faire ce que l'on veut, ce qui est essentiel pour les télécommunications. C'est beaucoup plus difficile pour la lumière. Ainsi, celle-ci ne peut être arrêtée ou ralentie afin de contrôler les flux d'entrée et de sortie ou afin de stocker l'information, car les photons, les grains de lumières, se transforment en énergie pure dès qu'on essaie de les arrêter. Comme on peut l'imaginer, de nombreux chercheurs, dont ceux dont je ne parlerai pas aujourd'hui, essaient de trouver une solution, ce qui permettrait de construire des appareils qui fonctionnent à 100 % à la lumière au lieu d'avoir recourt à l'électricité pour le traitement du signal. Disons, pour s'en tenir à l'essentiel, qu'aucune technique ne permet présentement de résoudre ce problème.
Quoi qu'il en soit, ce trop bref survol historique nous permet de constater qu'internet et les téléphones cellulaires ne sont qu'une extension des technologies développées depuis plus de deux ans. Cela ne signifie pas que l'on doive diminuer l'impact de ces avancées, mais un peu de recul nous permet de concevoir que le premier télégramme transatlantique, en 1858, contribua beaucoup plus à rapetisser la planète que toutes les inventions des 20 dernières années!
