L’écrivain Arthur Charles Clarke s’est éteint à 90 ans dans sa demeure de Colombo, au Sri Lanka, à la suite d’une insuffisance pulmonaire. Il souffrait du syndrome post-polio depuis une vingtaine d’années.

Romancier à succès et vulgarisateur scientifique, Clarke était le dernier des trois grands maîtres de la science-fiction avec Isaac Asimov et Robert Heinlein. Il écrivit plus de 80 romans et près de 500 nouvelles et articles. Son œuvre romanesque se caractérise à la fois par un réalisme scientifique et un appel lyrique à la transcendance. Il fut un ardent défenseur de l’exploration spatiale, dans laquelle il voyait une destinée cosmique pour l’humanité.

Abonnez-vous à notre infolettre!

Pour ne rien rater de l'actualité scientifique et tout savoir sur nos efforts pour lutter contre les fausses nouvelles et la désinformation!

Il est resté célèbre pour avoir prédit l’utilisation des satellites géostationnaires en télécommunication. En effet, dans le numéro d’octobre 1945 du magazine Wireless World, il fait paraître un article intitulé « Extra-Terrestrial Relays: Can Rocket Stations Give Worldwide Radio Coverage? », dans lequel il affirme que trois relais tournant en orbite synchrone pourraient couvrir toute la surface terrestre pour retransmettre les signaux radio, et ce, une douzaine d’années avant les premières fusées spatiales.

Il se fit également le champion de l’ascenseur spatial dans son roman Les fontaines du Paradis (1979). Ce projet de mégastructure est avancé notamment par la Spaceward Foundation et plusieurs groupes dans le monde en étudient la faisabilité, dont une équipe de l’Université McGill.

Dans son roman Rendez-vous avec Rama (1973), il imagine la nécessité pour la planète de se doter d’un système de suivi des astéroïdes susceptibles de heurter la Terre, une sorte de défense planétaire de première ligne. Depuis, plusieurs initiatives ont mis en action ce mécanisme de détection, notamment avec Spaceguard, inspiré justement du nom que Clarke avait choisi dans son roman, le Projet Spacewatch, le Near Earth Asteroid Tracking, le Catalina Sky Survey, etc. Il avait d’ailleurs participé, durant la seconde guerre mondiale, à la mise sur pied du système de détection par radar en Grande-Bretagne.

Bien sûr, tout le monde a ans doute vu le film de Kubrick tiré de leur scénario commun et dont Clarke a fait un roman : 2001, l’odyssée de l’espace , qui vient tout juste de fêter son quarantième anniversaire.

Comme beaucoup d’autres à l’époque, 2001 a eu un immense impact sur moi : son mélange d’optimisme technologique et de réalisme scientifique, son design futuriste et sa facture visuelle, son humanisme mystique, ont sans doute beaucoup fait pour m’attirer vers les sciences et vers la littérature de science-fiction. Le roman de Clarke fut d’ailleurs le premier livre de ma bibliothèque et j’ai encore l’édition que mes parents m’on offert à l’époque. 2001 est devenu un classique et il est considéré par le American Film Institute comme l’un des 25 meilleurs films jamais tournés.

Depuis, j’ai pratiquement lu toute l’œuvre de Clarke. J’y ai régulièrement trouvé cet optimisme en la science qui est sa marque de commerce. Si aujourd’hui cet optimisme parait plutôt suranné, c’est sans doute parce que nous sommes devenus trop cyniques et, surtout, trop critiques à l’égard d’un outil que nous manipulons mal. Clarke savait nous transmettre une réelle émotion devant la majesté de l’univers et les possibilités que recèlent la science et la technologie pour comprendre cet univers. C’est pourquoi je pense que son œuvre survivra plus facilement que celles d’Asimov ou d’Heinlein. Ses spéculations sont souvent associées à une réflexion sur l’avenir de l’homme, sur ses possibilités de transcendance dans une perspective cosmique. Sa prose, du reste assez classique, trahit néanmoins une poésie et un mysticisme que l’on retrouve rarement sous la plume d’une scientifique ou d’écrivain de science-fiction savante.

Arthur C. Clarke nous a quitté mais il nous reste ses livres. Vous trouverez sa bibliographie sur le lien suivant.

Hal est maintenant orphelin.

Je donne