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L’année 2010 n’aura pas été bénéfique à « l’infodiversité » des médias québécois de science. Pas moins de trois d’entre eux, méconnus du grand public, sont morts ou ont annoncé leur dernier numéro.

1) FRANCVERT aura, sous sa forme actuelle —magazine exclusivement Internet— duré sept ans. Mais il a une histoire plus ancienne : sous le nom de Franc-Nord, il est né en 1984, une époque qui fut plus favorable aux médias de vulgarisation. Il a toujours eu du mal à sortir de sa niche, celle des passionnés d’environnement, et la crise financière vécue par son parrain, l’Union québécoise pour la conservation de la nature (aujourd’hui Nature Québec), interrompt la publication du magazine imprimé en 1999. Il avait repris en 2003 sous la forme actuelle.

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L’arrêt actuel —le numéro de novembre est censé être le dernier— est encore une fois une question de gros sous. Son rédacteur en chef, Eric Duchemin, également professeur à l’Institut des sciences de l’environnement de l’UQAM, explique dans un courriel que FrancVert aurait besoin d’un budget annuel de 15 000$, alors que le budget actuel est plus près de zéro.

2) DÉCOUVRIR , qui monopolisait depuis une vingtaine d’années le titre de « l’autre revue québécoise de science » —l’autre étant Québec Science— a annoncé que l’édition de mai 2010 était sa dernière. Publiée par l’Acfas (Association francophone pour le savoir), elle souffrait du handicap d’être destinée à des chercheurs d’abord —soit les membres de l’Acfas— un handicap qui aurait toutefois pu être un avantage : l’Acfas regroupant des gens de toutes les disciplines —sciences humaines et sciences tout court— cela obligeait la production de textes vulgarisés. Mais ce ne fut apparemment pas suffisant pour aller chercher un large public. La revue se débrouillait pourtant assez bien côté revenus publicitaires.

3) PLUIE DE SCIENCE . Un bébé de l’ère Internet. Cette publication exclusivement électronique, se penche sur la culture scientifique sous toutes ses formes. Née en 2003, elle a vu sa périodicité passer de mensuelle à trimestrielle. Les textes encore en réserve permettront d’ajouter du nouveau contenu en 2011, mais sa mort a été programmée il y a quelques mois, et sauf imprévu, la revue ne prend pas de nouvelles commandes.

Si les premiers perdants sont les lecteurs qui avaient développé une fidélité, les journalistes scientifiques suivent pas très loin derrière, eux qui voient se fermer trois des rares « clients » capables de leur commander des sujets à teneur scientifique (quoique FrancVert commandait essentiellement à des auteurs bénévoles). Et à travers ce recul du journalisme scientifique, c’est « l’infodiversité » qui, comme toujours, en ressort perdante.

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