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On connaît déjà le maïs, le soja et le canola génétiquement modifiés. Si la tendance se poursuit, ce sont des animaux dérivés de la science génétique qui risquent de se retrouver bientôt dans nos assiettes. Deux espèces en particulier pourraient bientôt apparaître sur le marché.

Dans le cas du saumon, il a été modifié génétiquement pour accélérer sa croissance. Développés par la firme américaine AquaBounty, ces saumons de l'Atlantique* - baptisés AquAdvantage - ont reçu des gènes d'autres espèces de poisson. Ce procédé leur permet d'atteindre l'âge adulte deux fois plus rapidement que les saumons ordinaires. L’automne dernier, la Food and Drug Administration (FDA) a tenu des audiences au sujet de la pertinence d'introduire ces saumons sur le marché. Mais avant même d'émettre une décision finale, la FDA a indiqué par voie de communiqué qu'elle ne voyait aucune objection à cette idée. D'après elle, la consommation de saumons génétiquement modifiés « ...n'est pas préjudiciable à la santé. » Or, ce n'est pas l'avis de Mark Begich et Lisa Murkowski, deux sénateurs américains qui viennent de présenter un projet de loi qui empêcherait l'introduction sur le marché des saumons AquAdvantage, même dans le cas d'une approbation par la FDA. On peut penser que leur démarche n'est pas complètement désintéressée car il s'agit de deux sénateurs de l'Alaska. La mise sur le marché de ces saumons d'élevage, dont la production est moins dispendieuse, risque d'avoir un impact négatif important sur l'industrie de la pêche de cet État.

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Pour le producteur AquaBounty, l’avantage de mettre en marché les saumons AquAdvantage est surtout économique. Or, la modification génétique peut aussi avoir un objectif environnemental, comme c’est le cas de l'Enviropig, un porc génétiquement modifié développé à l'Université de Guelph afin de réduire le rejet de phosphore de l’animal. Le phosphore que consomme le porc – et qui représente un élément essentiel à sa croissance – provient des céréales qu’il ingère. Les céréales contiennent ce qu’on appelle des phytates qui, une fois ingérés par l'animal, libèrent le phosphore présent. Un processus rendu possible grâce à une enzyme appelée « phytase ». Malheureusement, les quantités de phytase présentes sont insuffisantes pour que le porc absorbe tout le phosphore. Ce dernier se retrouve ainsi dans ses excréments et donc dans l'environnement. Ensuite il s'introduit dans les cours d'eau où il stimule la croissance d'algues. Quand celles-ci se dégradent, cela demande de grandes quantités d'oxygène ce qui nuit à la survie des autres espèces.

Pour contrer ce problème, des scientifiques de l'Université de Guelph ont modifié les gènes de l'Enviropig avec des gènes de souris. Ceci a eu pour effet d'accroitre la production de phytase par les glandes salivaires du porc. Il en résulte une augmentation significative de l'absorption du phosphore, réduisant ainsi son rejet dans l'environnement. D'après les données des chercheurs, cette diminution est de l'ordre de 30 à 65 % par rapport aux variétés de porc conventionnelles. Il existe aussi un argument économique à recourir à ces porcs « bons pour l’environnement » puisque les producteurs de porc ajoutent actuellement des phytates, supplémenté de phytase à la nourriture des animaux. Dans le cas du porc modifié génétiquement, cette pratique devient inutile ce qui réduit les couts de production.

Environnement Canada a déjà autorisé la production des ces porcs « verts » en concluant que le processus ne représentait pas de danger pour l'environnement. Il reste à savoir si Santé Canada va aussi émettre l'avis favorable nécessaire avant que l'on retrouve l'Enviropig dans nos assiettes. Le cas échéant, il sera intéressant de voir si les consommateurs seront prêts à adopter la consommation de porcs « écologiques » avec autant d'enthousiasme que les voitures hybrides, par exemple.

_______________________________________________________________________________________________________________________________________ ­­­­­­­­­­­­* Il est intéressant de noter que la plupart des saumons, dits de l'Atlantique, qui se retrouvent dans nos assiettes ne proviennent pas de l'Atlantique. Le terme décrit la variété plutôt que l'origine géographique. Les populations de saumons sauvages de l'Atlantique ont été complètement décimées. Ils représentent moins de 0,5 % du "Saumon de l'Atlantique" disponible sur le marché Canadien. La grande majorité provient des côtes du Pacifique; principalement de la Colombie-Britannique et du Chili.

… et des vaches « vertes » ?

Les Enviropigs ne représentent pas le premier exemple de recherche cherchant à minimiser l'impact environnemental de certains élevages. Les vaches produisent par leur haleine de grandes quantités de méthane, un gaz à effet de serre 25 fois plus puissant que le gaz carbonique. Une vache émet en moyenne 100 kilos de méthane par année, ce qui est relativement peu, mais avec plus d’un milliard de vaches et autres bovins similaires dans le monde, ces quantités sont énormes au niveau planétaire. Les kangourous, qui sont eux aussi des ruminants, ont la particularité d’émettre d'autres gaz qui n'ont pas le même impact négatif sur l'environnement. Des chercheurs australiens essaient actuellement de trouver un moyen de transférer les bactéries écologiques à l'œuvre chez les kangourous pour qu'elles fassent leur travail dans l'estomac des vaches. Comme ces bactéries n'ont même pas encore été identifiées, on peut imaginer que cela sera un programme… de longue haleine!

- Le site de l' Organisation pour la science et la société de l'Université McGill .

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