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En complément de ce billet sur la relation de l'administration avec la science, j'aimerais ajouter mon grain de sel en reproduisant une lettre que j'ai fait parvenir aux médias, il y a quelques jours. Étant donné le nombre de réactions qu'elle a suscitées, elle semble mettre le doigt sur un problème important.

Le dossier du transport des déchets nucléaires sur le fleuve Saint-Laurent me donne froid dans le dos. Pas parce que je crois que ce transport est dangereux. J'ai les compétences techniques nécessaires pour comprendre la documentation et les risques associés. Et, tout ce que j'ai lu ne m'inquiète pas. Là n'est pas la source de ma frayeur.

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Ce qui me fait vraiment peur, c'est que cette panique n'est qu'une d'une longue série de situations similaires qui ne font qu'illustrer l'incompétence de la classe politique en science et en technologie. En soi, ce ne serait pas si mal si elle reconnaissait son ignorance et allait chercher de l'information chez des experts et d'en tenir compte, mais ce n'est pas le cas.

En effet, dans la plupart des pays développés, la classe politique dispose d'une équipe de scientifiques dont le travail est justement de les conseiller. Ainsi, la bibliothèque du Congrès américain dispose d'un service de recherche spécialisé à cet effet. Le Parlement britannique et le Sénat français disposent des mêmes ressources. Dans tous les cas, les documents sont publics et reconnus pour leur impartialité. De plus, les chefs d'État ou de gouvernement disposent de conseillers dans leur cabinet. Ainsi, Barack Obama n'a ni plus ni moins que deux Prix Nobel de physique dans son entourage immédiat. Alors, qu'en Chine huit des dix dirigeants politiques les plus influents ont une formation en science et en technologie.

Au Canada, il y a effectivement un conseiller scientifique, mais son mandat se limite à conseiller le gouvernement en matière de politique scientifique. Le Québec vient de créer un poste similaire avec les mêmes fonctions. Pire, lorsque l'on consulte les scientifiques, souvent on rejette leurs recommandations. Ainsi, les recommandations de la Société Royale du Canada sur les organismes génétiquement modifiés n'ont pas été suivies; pas plus que celle des fonctionnaires de Pêches et Océans sur les quotas de pêche.

Au Québec, il apparaît dans de nombreux débats publics que les décideurs politiques ont été insuffisamment informés avant de prendre leur décision. Dans le monde technologique où nous vivons, cette situation est totalement inacceptable.

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