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À moins d'avoir érigé la contestation en principe de vie, je ne vois pas qui voudrait défendre encore l'exploitation des gaz de schiste telle qu'elle se pratique actuellement alors que paraissent ça et ça. Il y a de ces compromis qui tiennent du gros bon sens, quoi qu'en pensent les conspirationistes.

Mais!

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Travail de session oblige, je me retrouve à lire l'intéressant La révolution des gaz de schiste, de Normand Mousseau. Et je tombe là-dessus:

“... [la composition chimique du gaz naturel] lui permet de se consumer très proprement, au sens littéral et environnemental, loin devant le pétrole et le charbon. (…) [En brûlant du gaz naturel plutôt que du charbon], pour une même énergie, on brûlera donc moins de carbone et on produira moins de CO2, un gaz à effet de serre, mais aussi moins de pollution au sol...”

Normand Mousseau ne reçoit pas d'enveloppes brunes de Talisman. Il est professeur de physique à l'Université de Montréal et ne cache pas son septicisme face à l'exploitation des gaz de schistes. De toute façon, ce qu'il écrit là relève de la chimie élémentaire, pas du secret d'état.

Au Québec, 43% des gaz à effet de serre proviennent du secteur des transports. Quarante-trois pourcent. Si les voitures fonctionnaient au méthane au lieu du pétrole, on pourrait voir nos émissions diminuer dramatiquement. Ce qui d'ailleurs est une priorité pour le gouvernement Charest.

Mais il y a un (autre) mais. Ce n'est pas parce que vous n'avez rien eu à débourser au moment de le manger que votre déjeuner est gratuit: vous avez quand même payé l'épicerie à un moment donné. Que le gaz naturel pollue moins que le pétrole au moment où on le brûle ne veut absolument rien dire tant et aussi longtemps qu'on ne sait pas combien ça “coûte” en gaz à effets de serre pour le produire.

La possibilité que l'extraction des gaz de schistes soit elle-même une source importante de gaz à effet de serre est bien réelle. Le méthane brûle peut-être proprement, mais si on le laisse en liberté dans l'atmosphère, il est un agent de réchauffement vingt-cinq fois plus potent que le CO2. On ne badine pas avec les fuites quand il est question de méthane. Du moins si nos objectifs sont vert forêt et pas vert billet.

Malheureusement on ne peut que spéculer sur le vert potentiel des gaz de schistes. Extraits avec soin, ils pourraient peut-être nous aider à réduire nos émissions de gaz à effets de serre. Mais on a choisi de ne rien demander aux exploitants; de ne pas nationaliser la ressource pour s'assurer que l'exploitation ne soit faite que lorsque son bilan environemental sera positif.

Décidemment, au Québec, le courage politique est une ressource naturelle beaucoup plus rare que le gaz de schiste.

- Véronique -

Ce billet a été écrit dans le cadre d'un travail d'équipe pour le cours RED2301 - Problèmes de vulgarisation, donné par Pascal Lapointe, à l'Université de Montréal à la session d'hiver 2011.

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