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Lors d’un précédent billet, nous évoquions la roulette russe écologique que représentent les OGM du fait de leurs conséquences imprévisibles. Leur histoire est récente mais ne manque pourtant pas déjà d’incidents avérés : à quand le Tchernobyl génétique ?

Été 2000, l’affaire Starlink éclate. On découvre des OGM allergènes dans des aliments vendus en grande surface, provenant de maïs uniquement réservé à l’alimentation animale. Aventis, le groupe responsable de l’incident, va jusqu’à demander (heureusement sans succès) une autorisation temporaire du Starlink dans l’alimentation humaine afin d’arrêter la « psychose naissante parmi les consommateurs ». Suite à cette affaire, les exportations américaines de maïs ont chuté de 1,27 million de tonnes à cause de la suspicion portée sur la récolte 2000. Malgré les 15 millions de dollars investis pour racheter les semences contaminées et trois ans après son éviction du marché agricole américain, les traces du maïs Starlink persistaient toujours lors des mesures effectuées par les instances gouvernementales dans les régions agricoles.

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Fin mars 2005, la revue scientifique « Nature » met au jour un incident survenu aux États-Unis : Syngenta a commercialisé par erreur et illégalement un maïs génétiquement modifié destiné initialement au marché animal. Il ne leur a fallu « que » quatre ans (!) pour réaliser leur erreur. Le maïs bt10 n’en était qu’au stade expérimental et il est destiné à produire une toxine fatale à certains insectes. L’introduction accidentelle et sur le long terme d’un insecticide génétique jamais testé sur les cellules humaines a de quoi inquiéter.

Québec, 2002. On trouve des traces de toxine bt dans les sédiments de la rivière Richelieu; elles seraient produites par les racines des plants de maïs transgéniques voisins. France, 2006. Un cultivateur exploite secrètement sept hectares de plants OGM, contaminant ainsi jusqu’aux ruches exploitées deux kilomètres plus loin. L’ADN étant transmis entre espèces différentes, on ne sait toujours pas jusqu’où s’arrête la contamination. 2005, Allemagne. Des courgettes transgéniques sont exploitées « par erreur » alors que leur origine était inconnue. On le voit, les exemples ne manquent pas.

Erreur humaine, contamination environnementale, faiblesse des contrôles, pertes financières, dommages sanitaires… Peut-on encore dresser le bouclier de l’alarmisme et de l’obscurantisme pour défendre l’emploi prématuré de produits dont on ne maîtrise visiblement ni l’utilisation ni les conséquences ?

Grégory Haelterman

Ce billet a été écrit dans le cadre d'un travail d'équipe pour le cours RED2301 - Problèmes de vulgarisation, donné par Pascal Lapointe, à l'Université de Montréal à la session d'hiver 2011.

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