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Chez de nombreux patients atteints de cancer, les traitements de chimiothérapie se révèlent inefficaces. Ils perdent leurs cheveux, souffrent de nausées, de grande faiblesse et de tous les autres effets secondaires du traitement, mais leurs tumeurs cancéreuses ne régressent pas. Un test génétique de leur tumeur aurait peut-être pu le prédire.

L'absence d'un gène dans le code génétique d'une tumeur pourrait être utilisé pour prédire sa sensibilité à certaines drogues, comme le rapportent deux articles parus cette semaine dans la prestigieuse revue Nature. Les équipes des chercheurs Ingrid E. Wertz (Genentech, Californie) et Wenyi Wei (Harvard Medical School, Boston) ont démontré indépendamment qu’une mutation dans un gène nommé FWB7 rend certaines cellules cancéreuses insensibles au taxol et au ABT737, deux drogues très utilisées en chimiothérapie. Cette découverte pourrait permettre aux oncologues de prédire, par un test génétique de la tumeur, si un traitement au taxol ou à l’ABT737 serait utile ou si d’autres drogues seraient plus appropriées.

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La chimiothérapie cause plusieurs effets secondaires indésirables. La perte de cheveux est la plus apparente, mais les patients souffrent aussi de problèmes digestifs (inflammation douloureuse des intestins, diarrhée, nausées, vomissements) et de pertes de cellules sanguines qui les rendent plus vulnérables à d’autres maladies. Les médecins tentent donc d’utiliser les drogues les plus efficaces, et pour lesquelles il y le moins de résistance des cellules cancéreuses. Mieux on connaît les mécanismes de résistance, incluant les prédispositions génétiques à celle-ci, mieux on peut cibler les traitements utilisés. FWB7 est un suppresseur de tumeur

La perte de la protéine produite par le gène FWB7 est observée dans plusieurs types de cancer, comme le cancer du sein, du colon et un certain type de leucémie. Chez les souris, le fait d’enlever la protéine FWB7 par génie génétique entraine l’apparition de cette leucémie. Les chercheurs ont maintenant montré que la perte de FWB7 semble aussi rendre les cellules cancéreuses résistantes à certains traitements anti-cancer.

Le taxol (aussi appelé paclitaxel) est un traitement efficace pour plusieurs cancers, dont les cancers du sein, des ovaires, du poumon et le sarcome de Kaposi. Son mode d’action est de stabiliser la tubuline. La tubuline forme des structures dynamiques, les microtubules, qui séparent les chromosomes quand les cellules se divisent. S’il est administré pendant la division cellulaire, le taxol bloque les microtubules et la cellule ne peut pas se diviser normalement. Ces cellules anormales sont ensuite habituellement détruites par le corps. La protéine FWB7 serait un agent de cette mort cellulaire, puisqu’elle détruit une protéine de survie essentielle, nommée MCL1. En absence de FWB7, les niveaux de la protéine MCL1 restent élevés malgré une division anormale, et la cellule survit.

Des résultats qui seront vérifiés en clinique?

Les résultats des équipes de chercheurs de Wertz et Wei expliquent certains cas de résistance aux drogues anti-cancer, mais il reste à déterminer si ce mécanisme de résistance est répandu. L’analyse génétique d’échantillons de tumeurs qui se sont avérés sensibles ou insensibles au taxol serait une première étape pour déterminer l’importance de FBW7 dans des cas cliniques réels.

Par Julie Poupart

Ce billet a été écrit dans le cadre d'un travail d'équipe pour le cours RED2301 - Problèmes de vulgarisation, donné par Pascal Lapointe, à l'Université de Montréal à la session d'hiver 2011.

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