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Je m'en vais au marché, je mets dans mon p'tit panier... Une pinte de cyanure et un pouding à l'arsenic. Bien sûr on ne trouve pas de pouding à l'arsenic au supermarché. Aucune compagnie n'a particulièrement intérêt à vendre de la nourriture empoisonnée, d'accord, mais c'est aussi qu'il est illégal de le faire. Santé Canada réglemente les additifs alimentaires et s'assure qu'on ne meure ni spontanément ni trop rapidement de ce qu'on mange. Un fabricant qui invente un nouvel additif doit prouver à Santé Canada qu'il n'est pas nocif et tous les producteurs doivent lister les ingrédients qu'ils utilisent.

La réglementation a tout de même ses limites: on nous vend des gras trans en toute légalité depuis cent ans déjà. C'est qu'on n'exige pas des compagnies qu'elles étudient pendant cinquante ans les effets des additifs qu'elles inventent et dont elles tirent profit; ce sont les scientifiques, dans les universités, payés par l'argent de vos taxes, qui doivent faire ce travail.

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Pas idéal, mais quand même mille fois mieux que ce qui s'est fait jusqu'à maintenant dans le dossier des gaz de schistes. Comme l'indique le rapport du BAPE, la confidentialité des informations recueillies jusqu'à maintenant par les exploitants est garantie par la loi des mines. C'est complètement absurde: on n'accepterait jamais l'équivalent en alimentation. Le BAPE mentionne d'ailleurs que « La confidentialité prévue à l’article 215 de la Loi sur les mines ne devrait pas s’appliquer afin de ne pas retarder la réalisation [du devis portant sur l’évaluation environnementale stratégique] » .

Cette évaluation environnementale stratégique, c'est la vaste étude scientifique recommandée par le BAPE et qui devrait être complétée au cours des deux années du non-moratoire dont on a tant parlé. Plutôt que de nous laisser boire de l'eau peut-être-contaminée-mais-c'est-pas-sûr ad vitam æternam en toute légalité, pendant que les chercheurs des universités tentent tant bien que mal de découvrir quelle maladie exactement cela va nous donner, on arrête le tout et on leur donne du temps et de l'argent. Comme ça ils peuvent, si nécessaire, tuer le projet dans l'œuf (ou à tout le moins « procéder au processus d’évaluation et d’examen des impacts (...) en amont des projets », en langage BAPE).

Il ne reste qu'à espérer que le gouvernement suive vraiment ces recommandations et que cette façon de faire devienne monnaie courante, en alimentation comme en environnement. En attendant, un verre d'eau de fracturation avec votre pouding sans arsenic?

Véronique Pagé

Ce billet a été écrit dans le cadre d'un travail d'équipe pour le cours RED2301 - Problèmes de vulgarisation, donné par Pascal Lapointe, à l'Université de Montréal à la session d'hiver 2011.

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