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Durant les années 1800, un jeune Français du nom de Martin Fugate s’établit au Kentucky, sur les rives de Troublesome Creek. Il y rencontra et épousa une jeune fille de l’endroit, Elizabeth Smith. De cette union naquit la lignée des "Blue Fugates".

Ce surnom avait été donné aux descendants de Martin Fugate car beaucoup d'entre eux avaient un trait bien particulier : leur peau présentait différentes teintes de bleu. Mais ce n’est qu’autour des années 1960 qu’un médecin de l’endroit, Madison Cawein, réussit à expliquer ce phénomène issu d’une intéressante application de l’un des principes fondamentaux de chimie : l’oxydoréduction.

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Au centre de l’hémoglobine (Hb), la molécule qui transporte l’oxygène dans le sang, se trouve un atome de fer à l’état ferreux, Fe+2, représenté par la formule Hb(Fe+2) (voir photo 2). Le fer ferreux est facilement oxydé à l’état ferrique Fe+3 pour donner la méthémoglobine mHb(Fe+3), qui elle est incapable de transporter l’oxygène. Heureusement, le sang contient une enzyme la diaphorèse qui réduit la méthémoglobine à l’hémoglobine.

Dans le cas des "Blue Fugates", un gène récessif apporté par Matin Fugate et sa femme a donné lieu à un niveau relativement bas de diaphorèse chez leurs descendants, entraînant alors des taux de méthémoglobine supérieurs à la normale. En dépit de cela, une quantité suffisante d’hémoglobine assurait néanmoins le transport d’oxygène, épargnant ainsi les Fugate de problèmes médicaux liés à ce phénomène. Par contre, il en était autrement de leur apparence. Un sang riche en méthémoglobine, lorsqu’observé à travers la peau, donne une teinte bleuâtre : une situation qui distinguait assurément les descendants Fugate de leurs voisins et leur donnait une célébrité dont ils se seraient sans doute passés.

Heureusement, une fois que le docteur Cawein eu trouvé la cause du problème, le traitement fut des plus simples. Leur peau retrouva sa teinte normale, pourvu que soit suivi le traitement prescrit, soit un comprimé quotidien de bleu de méthylène. Dans ce cas, bien qu’il puisse sembler contre-indiqué de prescrire l’ingestion d’un colorant bleu, c’est en fait le principe de l’oxydoréduction qui fait son œuvre. La molécule de bleu de méthylène existe sous deux formes : la forme oxydée qui est bleue, et la forme réduite qui est incolore. Une fois ingéré, le bleu de méthylène est réduit par des composés chimiques présents dans le corps en sa forme incolore. Cette dernière, une fois formée, peut être oxydée de nouveau sous sa forme bleue, par l’entremise de la méthémoglobine. Cela a pour effet de réduire la méthémoglobine en hémoglobine, le bleu de méthylène jouant le rôle de la diaphorèse dans le sang (voir photo 3).

Ainsi formé, le bleu de méthylène est éliminé par voie normale. D’ailleurs, certains membres de la famille Fugate étaient convaincus qu’ils éliminaient du coup la teinte bleue de leur peau. Ceux d’entre vous intéressés par ce phénomène et qui ont les produits chimiques nécessaires sous la main, la démonstration de La bouteille bleue illustre bien le processus.

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L’Organisation pour la science et la société de l’Université McGill présente des capsules sur des sujets défrayant l’actualité scientifique. Plus de renseignements sur ces sujets, ou d’autres d’intérêt général, sont disponibles en communiquant avec Ariel Fenster.

Professeur Ariel Fenster Organisation pour la science et la société de l’Université McGill 514 398-2618 _______________________________________________________________________________________________________

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