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La science du climat, une affaire de spécialistes.

Par Dominique Paquin,

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Seulement 2% des Canadiens interrogés par la firme de sondage Insightrix Research, Inc. ne croient pas que les changements climatiques sont réels, titrent La Presse et le Globe and Mail en ce mois d'août. À cela s'ajoutent 9% de gens qui croient que les changements n'ont que des causes naturelles. Aux États-Unis, l'été torride a fait tomber le scepticisme à 15%. Allons-nous enfin sortir du débat stérile à savoir si les changements climatiques sont réels? Pourquoi tant de temps à admettre ce que la science nous démontre depuis des années (déjà en 1990 le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) résumait les connaissances par le fait qu'il résultait un réchauffement additionnel à cause des activités humaines)?

La science derrière la question des changements climatiques est complexe, et expliquer clairement ce dont il est question, à travers les inconnus de la science, les incertitudes et les remises en question légitimes est un art que peu de scientifiques possèdent. Il n'en faut pas plus pour ouvrir la porte à toutes sortes de faux spécialistes qui, au fil des ans, ont entretenu et entretiennent encore la controverse, laissant planer l'idée que les changements climatiques sont contestés. Mais qui sont les faux spécialistes et que recherchent-ils?

Il est tout à fait vrai d'affirmer qu'il y a un consensus entre les spécialistes du climat sur la question, à savoir que le changement climatique est réel et qu'il est attribuable aux activités humaines. En fait, les scientifiques formés en physique (météorologie) qui étudient l'atmosphère et le climat sont pratiquement unanimes à ce sujet et ce n'est plus un sujet de débat car toutes les études sérieuses vont dans la même direction depuis des décennies maintenant. Mais la question dépasse les enjeux physiques et scientifiques car c'est devenu un débat public et un enjeu de société fondamental, un enjeu où il y a beaucoup d'argent et de pouvoir. Et c'est souvent à ce moment-là que les « faux » spécialistes apparaissent. Avoir une culture scientifique permet souvent de mieux saisir les implications de la science au quotidien, mais cela ne fait pas du scientifique un spécialiste pour autant. J'ai étudié en physique, et pourtant je ne suis aucunement spécialiste en énergie nucléaire ou en astronomie. Un des problèmes avec la popularité de la question des changements climatiques, c'est que de nombreux scientifiques n'ayant qu'une vue partielle de la question sont devenus du jour au lendemain « spécialistes » sur la question, avec des vues souvent divergentes des spécialistes réels. Les plus publicisés d'entre eux sont fréquemment subventionnés par des pétrolières, de manière directe ou indirecte.

Et puis il y a les autres « spécialistes », les alarmistes. N'ayant généralement pas non plus les connaissances appropriées, souvent armés de bonnes intentions, ils ont la mauvaise habitude d'attribuer toutes les catastrophes naturelles aux changements climatiques. Pour faire bouger le dossier au niveau politique, pour que leurs concitoyens changent leurs habitudes de vie, pour la bonne cause quoi! Mais ce faisant, ils contribuent à la confusion ambiante, tout autant que ceux qui nient tout. Pas étonnant que ce soit difficile de s'y retrouver...

Comment s'assurer un tant soit peu que les sources d'information soient fiables avec toutes ces sources différentes et parfois contradictoires? Regarder quelles sont la formation et la spécialisation de l'intervenant et vérifier ses sources de financement sont deux points de départ souvent facilement accessibles. Les publications du GIEC et des agences gouvernementales (Environnement Canada, NOAA — climateWatch par exemple) permettent également d'avoir un point de vue éclairé sur la question.

Dominique Paquin, M.Sc., est spécialiste en simulations climatiques chez Ouranos.

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