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Chaque jour, nous sommes exposés à des milliers de produits chimiques: certains produits entrant dans la fabrication de plastiques ou de cosmétiques, des polluants présents dans l’air, des désinfectants dans nos maisons, des pesticides dans nos champs...

«Nous vivons dans un monde de perturbateurs endocriniens. Nous en sommes maintenant à nous demander comment certains de ces contaminants risquent d’affecter notre évolution», a laissé entendre Daniel Cyr, professeur à l'INRS-Institut Armand-Frappier, lors d’une conférence présentée au Cœur des Sciences de l’UQAM en juin dernier.

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Période critique d’exposition

Alors que les hormones dans notre corps viennent se lier à des récepteurs pour induire différents effets biologiques, un peu à la manière d’une clé et d’un cadenas, les perturbateurs endocriniens peuvent jouer le rôle d’une clé, si leur structure moléculaire est semblable à une hormone donnée.

Le problème avec les perturbateurs endocriniens, c’est qu’ils peuvent venir se lier au mauvais moment à un récepteur et l’activer, ou encore en bloquer l’accès, complètement ou partiellement.

Lors du développement embryonnaire, il existe des fenêtres critiques de vulnérabilité pour chaque organe. «On sait par exemple que le cerveau humain se développe tout au long de la grossesse et que tout facteur qui vient interférer durant cette période pourrait avoir un impact sur son développement», explique Cathy Vaillancourt, également professeur à l'INRS-Institut Armand-Frappier.

Si l’on sait que notre génome restera toujours le même, notre épigénome subira des modifications majoritairement au début de notre développement et tout au long de notre vie. «Par comparaison, notre génome est notre disque dur et l’épigénétique notre logiciel qui en permet la lecture», illustre la chercheuse.

«Nous comprenons maintenant que lorsqu’une hormone se lie à son récepteur, elle change la composition chimique du logiciel, mais pas du disque dur, ajoute Daniel Cyr. Les perturbateurs endocriniens vont faire la même chose.»

De génération en génération

Selon les chercheurs, de plus en plus d’études démontrent que les effets des perturbateurs endocriniens se transmettent de génération en génération. C’est le cas notamment du Bisphénol A. «Chez les souris que l’on expose au Bisphénol A, on s’est rendu compte que des troubles de comportement sont observables jusqu’à la 4e génération», cite en exemple Cathy Vaillancourt.

Des études tendent même à prouver que certains problèmes de santé, comme l’obésité, seraient reliés en partie à des perturbateurs endocriniens et pas seulement à cause d’une mauvaise alimentation. D’autres perturbateurs endocriniens pourraient même avoir des effets au niveau de l’ADN et prédisposer les tissus au développement de certains types de cancers.

Même si la découverte de l’ADN a eu lieu il y a 60 ans cette année, Daniel Cyr avouera que plusieurs questions concernant le fonctionnement de ce système demeurent sans réponse. «On ne sait pas si nous sommes à la pointe de l’iceberg ou pas. Et nous avons encore beaucoup de choses à comprendre afin de voir comment les perturbateurs endocriniens sont en train d’affecter notre santé, la santé de nos enfants et celle de nos petits enfants.»

Par Marie-Eve Cloutier – Agence Science-Presse

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